Belle-doche

Belle-doche, c'est le rendez-vous bi-mensuel qui permet de mieux comprendre la belle-maternité et qui donne la parole à ces femmes qui élèvent les enfants des autres

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Par Anaïs Richardin
28 juin · 10 mn à lire
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Camille "Je ne me sens pas investie d’un rôle de belle-mère"

Comment vivre la famille recomposée quand on ne se sent pas investie d'un rôle auprès des enfants de l'autre ?

Bonjour à toutes les belles-doches, et à celles et ceux qui s’intéressent à la famille recomposée ! La semaine dernière, on m’a commandé un papier sur la belle-maternité pour le très chouette magazine Le 1 et son numéro qui parait ce mercredi “Être mère aujourd’hui”. Un article pour défricher le terrain et expliquer aux moldus ce que personne ne peut savoir avant d’y avoir été confronté·e. Je me suis donc plongée dans les études (que je connais par coeur tellement leur nombre est restreint), dans les enquêtes démographiques et dans le peu de littérature qui existe sur le sujet. Et je suis encore plus effarée qu’au lancement de cette newsletter de voir à quel point les belles-doches sont INVISIBLES.

Selon l’INSEE, parmi les 800 000 beaux-parents comptabilisés en France en 2019, 27% étaient des belles-mères (ce qui nous laisse 73% de beaux-pères, bien vu au fond !). 27%, ça ne fait pas beaucoup (enfin ça fait toujours 210 000 et quelques personnes en plus de vous qui me lisez aujourd’hui). Les calculs ne sont certainement pas bons Kevin, mais il faut dire que la méthode est douteuse puisqu’un beau-parent ayant son ou ses beaux-enfants une mineure partie du temps (comme un week-end sur deux et la moitié des vacances) n’est pas comptabilisé. Or, encore aujourd’hui, les mères ont majoritairement la garde de leur·s enfant·s (et on ne parle même pas des familles queer qui sont complètement absentes des stats). Pour les enfants en garde partagée (50/50), est pris en compte le beau-parent chez qui vit l’enfant au moment où l’enquête est effectuée. Ça nous laisse donc dans un flou pas possible qui ne reflète pas tout à fait la réalité des belles-mères en France. Est-ce que ça m’énerve ? Oui, un peu, car il faut déployer d’autant plus d’énergie pour faire prendre conscience aux leaders culturels que nous ne sommes pas un éphiphénomène, que nos parcours au sein de familles “en dehors de la norme” méritent d’être documentés, représentés. Les médias commencent à se bouger petit à petit, et Fiona Schmidt nous a ouvert la voie (chapeau bas m’dame) mais ça ne suffit pas. Il est nécessaire de faire entendre nos voix, de dire tout haut comment nous parvenons (mais pas toujours) à faire famille autrement. Dites-moi, vous ne voudriez pas croiser un peu plus de femmes comme nous, vous ?

Camille a 37 ans, elle vit dans le Sud Ouest avec ses deux enfants, qu’elle a en garde partagée et s’apprête à accueillir un bébé, né de sa relation avec son nouvel amoureux, également père de deux enfants. Elle nous raconte comment elle vit la famille recomposée alors qu’elle ne se sent pas belle-mère.

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