Belle-doche

Belle-doche, c'est le rendez-vous bi-mensuel qui permet de mieux comprendre la belle-maternité et qui donne la parole à ces femmes qui élèvent les enfants des autres

image_author_Anaïs_Richardin
Par Anaïs Richardin
26 juil. · 10 mn à lire
Partager cet article :

Laura "Me déléguer trop de choses, ce serait montrer à ses filles qu’il n’est pas assez présent"

- Culpabilité paternelle et envie d'avancer -

Salut les belles-mères, marâtres et autres co-parentes. Salut aussi aux hommes qui lisent cette newsletter et s’interrogent sur la famille recomposée et sur ce que vivent les femmes (qui partagent leur vie de papa solo ou pas). Hier, j’ai lu La fin des coquillettes de Klaire fait grr, un livre indéfinissable dans lequel tu apprends un paquet de choses, notamment que dans la première version de Blanche-Neige, des Frères Grimm, la méchante qui veut tuer l’héroïne jugée trop belle n’était pas sa vilaine belle-doche mais bien sa propre MÈRE. Et ouais ! Le conte a évolué pour devenir moins cruel, plus acceptable et la figure de la marâtre s’est avérée bien utile pour ça. Dans son livre Psychanalyse des contes de fées, le psychanalyste Bruno Bettelheim explique ainsi que la belle-mère acariâtre ne serait que la deuxième face d’une même pièce, aka la mère, qui permet à l’enfant de dissocier symboliquement la bonne mère (qui fait ce qu’il souhaite) et la mauvaise mère (qui punit, n’accède pas à tous ses désirs etc.)

« Le fantasme de la méchante marâtre, non seulement laisse intacte la gentille maman, mais empêche également l’enfant de se sentir coupable lorsqu’il est en colère contre elle — sentiment de culpabilité qui compromettrait sérieusement les relations mère-enfant », écrit-il. Cette figure littéraire, qui nous écrase et qui ternit notre blason, on ne va pas se le cacher, aurait donc un rôle tout à fait intéressant à jouer dans le développement de l’enfant. J’entends bien, mais je propose quand même de moderniser ces contes pour remettre tout le monde à sa juste place ! Qui est pour une réhabilitation de la belle-mère dans les imaginaires qui nous façonnent ? Est-ce que ça ne vous retire pas un petit poids des épaules de savoir que la marâtre est une construction comme il y en a tant d’autres ?  Moi je dois bien dire que si. Et c’est ainsi que, plus légère dans mon short en éponge et mes tongs à paillettes, je vous souhaite un chouette été, beaucoup de calme et de temps pour vous ressourcer avant d’attaquer une nouvelle rentrée !

_____________________

Vous connaissez une belle-doche à qui cette newsletter pourrait plaire ?

_____________________

Laura a bientôt 29 ans, elle vit à Grenoble avec son conjoint et les deux filles de celui-ci, âgées de 5 et 7 ans. Elle nous raconte son quotidien de belle-daronne et les défis qui émaillent sa famille recomposée, entre désir d’enfant non partagé et cupabilité paternelle tenace.

Laura, comment es-tu devenue belle-mère ?

J’ai rencontré mon conjoint au travail, donc j’ai tout de suite su qu’il avait des enfants mais j’ai compris assez tard, quand de l'ambiguïté a commencé à naître entre nous, qu’il n’était plus avec la mère de ses enfants. On a commencé à sortir ensemble et j’ai rencontré ses filles très vite sans avoir réfléchi à la question de ce que ça signifiait d’être en couple avec quelqu’un qui est déjà père. L’un de nos collègues m'avait prévenu et m’avait dit que je ne serais jamais sa priorité, mais ça ne m’a pas fait peur. La première version de notre relation, car il y a eu séparation ensuite, a démarré il y a deux ans. J’ai rencontré ses filles au bout d’à peine deux mois. On n’en avait jamais discuté mais un matin, alors que je savais qu’elles étaient en vacances chez lui, je me suis dit que j’allais leur apporter les croissants avant d'aller au travail. Il était 7h30 et je me suis retrouvée nez à nez avec elles deux. Sur le moment, il était content et un peu étonné mais on aurait sûrement fait les choses différemment si on avait pu en parler. Les filles n’ont alors pas posé plus de questions que ça et pendant cette V1 de notre relation, je les ai assez peu vues. Je venais surtout le soir lorsqu’elles étaient déjà couchées.

...