Hors-série - Titiou Lecoq "La belle-mère, c'est le précipité de ce qu'on attend des femmes"

- écrire sur la famille recomposée -

Belle-doche
11 min ⋅ 30/07/2025

Bonjour à toutes et à tous !

Je ne sais pas à quel moment de bascule des vacances vous vous situez, si vous retrouvez vos beaux-enfants ou si vous leur dites bye bye pour un mois. De ce côté-ci de l’écran, on arrive à la fin du mois de “vacances” avec le bel-ado et je dois bien dire que ça me fait bizarre qu’il s’en aille demain pour un si long moment loin de nous.

Je suis heureuse de retrouver mon amoureux, de ne plus entendre “Qu’est-ce qu’on mange ?” 17 fois par jour, de mettre en pause la longue to-do qui vit dans ma tête sans payer de loyer, de revenir à une ambiance plus calme et plus sereine. Parce qu’avoir à répéter de “mettre la table penser à faire autre chose que regarder la télé ne pas manger tout le pain parce que la boulangerie est fermée et qu’on n’est pas encore passés à table mettre son téléphone de côté parce que c’est chiant de parler à quelqu’un qui ne vous regarde pas”, et la suite de la litanie que vous connaissez sûrement, ben c’est un peu agaçant.

Mais les discussions à bâtons rompus, les fous rires qui viennent des tripes, les heures de jeux, les confessions rendues possibles parce que la confiance s’est installée, même le sable dans la figure quand il secoue sa serviette juste à côté… ben ça va me manquer. Une fois passés les premiers jours de friction à devoir se mettre sur un autre tempo, à réapprendre à faire de la place à quelqu’un d’autre, on finit par trouver la dynamique dans laquelle on se sent bien. Comme quand on réussit à mouler son corps dans le sable après avoir bataillé pour y imprimer la bonne forme, celle qui fera que l'heure passée à lire sera agréable sans que le dos creuse trop.

Je mesure le chemin parcouru, parce que pendant trop longtemps j’ai vite eu mal au dos lors des vacances d’été. C’est peut-être la première fois que je ne finis pas un mois en famille en me disant “c’était trop long”. Avoir beaucoup bossé et avoir été moins absorbée par les tâches du quotidien m’a sûrement aidée à profiter du temps passé ensemble. Le fait qu’il ait 16 ans aussi. C’est de plus en plus passionnant de discuter, d’échanger avec lui et c’est ce qui fait que c’est bien la première fois que je prends conscience que les étés comme celui-ci se comptent désormais sur les doigts d’une main. Il n’y aura bientôt plus d’agendas à coordonner avec sa mère, plus de négociations à mener pour partir à telle date plutôt qu’à telle autre. Il naviguera entre nous, ses potes, son job, sa meuf ou son mec, comme ça lui chantera. C’est presque vertigineux d’imaginer que l’harmonie qu’on a trouvée va à nouveau changer. La famille recomposée est un ressac permanent, tout y est mouvant, instable. Si aujourd’hui j’y suis bien installée, tout confort dans mon relax rembourré, je sais aussi combien les vacances peuvent être des moments de tension, de souffrance, parfois et d’apnée, souvent. On se sait et je vous le redis “tout finit par passer”.

C’est aussi le conseil, qu’elle trouvait pourtant tout à fait inutile à l’époque où elle est devenue belle-mère, que retient l’autrice Titiou Lecoq. Avant de filer profiter de quelques semaines à buller en me nourrissant de ce qui traine parce que… flemme comme dirait l’ado, j’avais envie de vous proposer une édition un peu différente avec son interview. Ce n’est pas témoignage comme les autres que je vous livre puisque Titiou est, certes belle-mère, mais elle est surtout l’autrice d’ouvrages féministes qui ont cartonné. Nous avons échangé sur son dernier roman, Une époque en or, qui hisse haut les couleurs de la belle-maternité, et sur ce qui se passe dans la tête des belles-doches.

Bonne lecture et bon été !



Titiou Lecoq a publié “Une époque en or”, un roman qui met en scène une belle-mère de 38 ans, drôle et attachante, loin des clichés habituels. L'occasion de revenir avec l'autrice sur cette figure si mal représentée et souvent si éloignée de nos réalités. 

Titiou, tu as choisi une belle-mère comme héroïne de ton dernier roman. Pourquoi ce choix ?

Je suis partie de mon expérience de belle-mère. Je trouve qu'il y a pas mal de choses hyper intéressantes à creuser à ce sujet. Ça m'intéressait d'avoir des personnages féminins et de les travailler hors des stéréotypes. Or la belle-maternité est vraiment un terrain à stéréotypes misogynes absolument terrible. C’était assez évident qu’il y avait quelque chose à aller chercher, à décortiquer pour sortir des préjugés qu'on a. 

On attend de toi un don et un sacrifice absolu, et que tu fermes ta bouche sur ce que tu vis. Et si tu ne fais pas ci ou ça, là tu bascules du côté de la mégère, de la marâtre et de la méchante femme qui, de toute façon, est une briseuse de ménage. C'est ça qu'il y a derrière, clairement. La belle-mère c’est la femme de mauvaise vie.

Ce que je voyais, en termes de représentation de cette figure, c'était beaucoup sur le mode humoristique. Avec des séries du genre "Notre belle famille" où tout se passe merveilleusement bien, c'est génial. mais comme très souvent quand ça concerne les femmes, ça n’est jamais pris comme un vrai sujet sérieux. C'est un sujet de société qui est un peu grave. Et ce côté de gravité, tu ne l’as nulle part. J'étais hyper contente quand j'ai vu Virginie Efira en belle-mère sur un registre que je trouve un peu solennel, beau et qui mérite ça.

Et puis pendant des années, j’ai posé des questions à des femmes, y compris à des femmes plus âgées, qui étaient ou avaient été dans cette configuration-là. Et j’ai trouvé qu'il y avait beaucoup de souffrance. D'abord elles te sortent un "non mais c'est merveilleux, c'est vraiment une aventure géniale." Et quand tu creuses, elles te disent quand même "le début a été un peu difficile, j’ai pleuré tous les soirs pendant trois ans". Donc aller gratter derrière les apparences, comprendre pourquoi il y a cette souffrance et pourquoi elle est tabou, ça m’intéressait. 

“La belle-mère, encore plus que la mère, est censée être dans le don absolu. Et tu n'es pas censée revendiquer ou demander quoi que ce soit en échange”


Comment analyses-tu la position de la belle-mère dans notre société ?

Je trouve que la situation de belle-mère, c'est comme en chimie, c’est le précipité de ce qu'on attend des femmes. Parce que la belle-mère, encore plus que la mère, est censée être dans le don absolu. Et tu n'es pas censée revendiquer ou demander quoi que ce soit en échange.

Quand tu t'occupes de tes enfants, tu sais qu'il va y avoir un retour sur investissement à un moment ou un autre, ils vont s'occuper de toi à l'EHPAD, ils changeront tes couches, ils viendront te voir le dimanche, il y aura quelque chose. Mais avec les beaux-enfants, tu ne peux pas exiger qu'ils viennent changer tes couches quand tu seras vieille, pourtant tu es censée leur donner autant (rires).

Je trouve qu’on est vraiment dans une position de don et de sacrifice de soi absolu, mais qu'on ne le présente pas du tout comme ça et qu’on ne le dit pas assez. Pire, on n'a pas le droit de le dire.


Dans ton livre, il y a justement un espace pour dire… c’est le club de belles-mères anonymes. Pourquoi avoir eu recours au groupe de parole ? 

Il y a des années, ma belle-mère m'a dit "oh tu sais pas quoi, il y a un club des marâtres anonymes dans ma ville". J’ai trouvé que c’était super, mais elle n'avait pas plus d'infos que ça et ça m’est resté en tête. Je me suis demandé ce qu’elles s’y disaient, quel était cet espace, si des hommes y venaient.

Et ça, c'est un truc qui m'éclatait dans le roman, dire qu’il y a aussi des hommes, des beaux-pères qui viennent mais qu’en fait ils ne restent jamais bien longtemps parce qu’ils quittent leur meuf. Là aussi, il y a un différentiel car les beaux-pères ne prennent évidemment pas en charge les enfants comme les belles-mères le font. On est vraiment sur un rapport ultra-genré.


“Mettre mon personnage dans cette situation de rivalité avec l'autre, avec l’ex, ça me titillait parce que c’est ce que je trouve un peu moche dans la famille recomposée”

Tu évoques aussi la rivalité entre femmes quand tu deviens belle-mère, parce que c’est un sujet courant ?

C'est un vrai sujet, quand tu deviens belle-mère, ou mère séparée, tu te retrouves à réactiver des trucs de compétition entre femmes. Mettre mon personnage dans cette situation de rivalité avec l'autre, avec l’ex, ça me titillait parce que c’est ce que je trouve un peu moche dans la famille recomposée. 

J'ai une copine qui était dans un groupe WhatsApp de belles-mères avec des filles qu'elle ne connaissait pas. Elle m’a dit que ce qui pouvait s’y dire était parfois pas terrible parce qu’on y dit beaucoup du mal de l'ex. En tant que féministe, tu vois, ça ne me va pas vraiment comme mode de fonctionnement mais je trouve ça important à questionner.


Pourtant, dans le roman, tu parles assez peu de la mère de la belle-fille ?

Je trouve que c'est un sujet hyper intéressant mais ça aurait été un sujet en soi, en fait. Cette relation est d'une richesse et source de tension extraordinaire et j'avais déjà beaucoup de sujets à traiter donc je me suis dit "ok celui-là, mets-le plus à distance".

J'ai une justification au fait que la belle-mère ait autant à s'occuper de sa belle-fille, et il fallait évidemment que ce ne soit pas parce que la mère était maltraitante donc j’ai choisi d’en faire une actrice qui part en tournage régulièrement. En plus, elle est très belle, c’est une meuf complètement flamboyante et ça me permettait de la mettre aussi un peu à distance. 

Ce qui fait que mon personnage a trois enfants à gérer : son fils, sa belle-fille et le fils des voisins qui se réfugie chez elle. Ça pose la question de la place que tu fais aux enfants des autres, même quand ils ne sont pas de ta famille. Avec le fils des voisins, je voulais montrer qu’une autre relation adulte-enfant était possible, moins conflictuelle que celle qu'elle a avec sa belle-fille.


Comment as-tu construit ton personnage principal ? Est-il plus ou moins éloigné de toi ?

Au départ, j'étais vraiment partie de mon envie d’écrire “l’histoire de la voisine”. La voisine de 38 ans qui a l'air de ne pas avoir d'histoire particulière. C'était ça le point de vue puisque le roman parle aussi de violences intrafamiliales et que je voulais traiter les gens qui sont autour, qui gravitent autour de la famille dans laquelle il y a des violences.

Je m'étais dit que je voulais écrire à la première personne et au départ, c'était donc un roman que je voulais très sérieux. Il l’est sur le fond, parce que les sujets sont très sérieux, mais après je me suis dit que comme c’était un personnage de femme à la première personne, il fallait aussi qu’elle soit drôle. C'est donc un roman qui parle de manière drôle de sujets qui ne le sont absolument pas.

Il y avait quand même l'objectif déjà d'en faire une figure littéraire positive. Je voulais qu'elle soit drôle, qu'elle soit vivante parce que c’est une mère de famille de 38 ans et qu’en général, les mères de famille de 38 ans sont des non-personnages. On les dépeint comme hystériques, chiantes et moi je voulais montrer que non en fait, elles peuvent aussi être super marrantes. Elle est mère et belle-mère mais je voulais montrer qu'on ne se résume pas non plus à ça et qu'on n'arrête pas brusquement de faire des blagues parce qu'on a des enfants à gérer.


Parmi les sujets sérieux, il y a en effet les violences intrafamiliales avec ce jeune voisin qui subit la maltraitance d’un père violent et il y a aussi l’écologie. Pourquoi traiter ce sujet dans ce roman ?

Je trouve qu'on vit une situation très particulière. Vivre de nos jours, ce n'est pas la même chose que vivre il y a 15 ans, notamment quand tu es responsable d'enfants, que ce soit tes enfants ou tes beaux-enfants, parce qu’on se lève tous les matins dans un monde où on sait, qu'a priori, ça ne sera pas mieux l'année prochaine. Je pense que tout le monde a plus ou moins cette espèce d'intuition que "ça va aller de mal en pis en fait".

C’est un vrai sujet par rapport aux enfants. Nos parents se disaient que les choses iraient plutôt bien ou mieux pour nous. Et dans le livre, tu vois, l'héroïne, elle le dit : "moi, le sujet de mes parents, c'était savoir ce que j'allais faire comme métier. Nos enfants, je me demande quelles seront leurs conditions matérielles d'existence. Dans 20 ans, ça va ressembler à quoi, concrètement leur vie avec les canicules, les tempêtes etc.?"

Donc, je trouve que c'est une expérience existentielle très particulière parce qu'en plus, on a l'impression de ne pas avoir de pouvoir dessus. Et tout le monde continue comme si de rien n'était tout en se disant "c'est quand même bizarre". On a l'impression qu'on va vers la fin du monde, mais on continue à se lever et à aller au travail.


“…
quand l'enfant était là avant et que ce n'est techniquement pas le tien, qu'est-ce qui justifie que tu aies autant de tâches ménagères à faire ?”

On fait l’autruche, ce qui est aussi une manière de survivre. En parlant d’autruche, je trouve que le père est relativement absent dans ton roman. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Je ne voulais pas du tout que le père soit un connard, pour moi ça devait être un bon gars mais il tient un bar, il est donc en horaires décalés et il n'est jamais là. L’un des sujets qui me parle, c’est la charge mentale et la répartition des tâches ménagères. L'arrivée d'un enfant, ça chamboule un couple et ça crée des inégalités, on le sait, toutes les études le disent. C’est à ce moment que toutes les inégalités se creusent au sein du couple. Mais quand en plus l'enfant était là avant et que ce n’est techniquement pas le tien, qu'est-ce qui justifie que tu aies autant de tâches ménagères à faire ?


Tu te retrouves à gérer pas mal de choses alors que, comme tu l’écris si bien, "la beau-parentalité c'est le CDD de la parentalité"

Mais oui, le fait que tu sois virable à tout moment, ça complique quand même ta relation avec les enfants. Je me demandais pourquoi les frères et soeurs se disputent plus qu'avec leurs amis et un psy avait dit "mais en fait, c'est parce que ton frère, tu sais que ce sera ton frère jusqu'à la fin de tes jours, même si tu lui dis des trucs horribles, les amis, c'est pas la même chose" et je me suis dis "bah en fait, les beaux-parents, c’est la même chose, tu sais que si ça se trouve dans cinq ans, ils ne seront plus là". Comment veux-tu construire une relation sur la durée dans ces conditions ?


Ça pose la question du statut légal des beaux-parents…

Mais oui, même au niveau de la loi on n’est rien. Il y a vraiment un vide et tu te dis "ok mais c'est quoi mes droits là-dedans ? Qu'est-ce que j'ai comme possibilité ?" Bah, rien.

Prenons un détail complètement pragmatique. Le logiciel Pronote. Pronote, t'as un accès parent. Mais t'as un accès père et un accès mère. Tu n'as que deux accès parents, puis après tu as l'accès élève. Donc, si tu es beau-parent, soit tu chopes l'accès d'un des deux parents, soit l'accès de l'élève, mais tu vois, tu n'as pas ta connexion à toi. Sauf qu’à partir d'un certain âge, ta vie de parent tourne autour de Pronote (rires).


Dans ton roman, tu explores la relation entre l'enfant qui était déjà là et celui qui arrive, c’est aussi un sujet hyper important en famille recomposée dont on parle peu, non ?

Le but du roman est d'aller gratter des trucs un peu désagréables, il y a le cliché du “bébé de la réconciliation” et il y a aussi l’espèce de concurrence entre la belle-mère et la belle-fille. Elles sont les deux femmes de la maison et j’ai voulu explorer le fait que cette concurrence à toutes les deux pour l’homme de la maison, le compagnon, le père, va se reporter sur le petit frère. Le truc qui pourrait être trop mignon de "la belle-fille qui s'occupe de son petit frère" est aussi en enjeu de pouvoir entre elle et la mère de son petit frère. 

Mais pour moi, c'est ça qui est intéressant et c'est ça qui fait vraiment les relations familiales. Tout est toujours à double face. Pour toutes les situations il y a ce qu’on trouve mignon, qui est affiché et qui cache le truc un peu malsain et creepy. Les deux coexistent en permanence et l'un n'annule pas l'autre. C’est fascinant.


As-tu parlé de ton livre avec tes beaux-enfants ?

Non, je ne leur en ai pas parlé. Ils m'entendent en parler mais ils ne m'ont pas posé de questions. Et ça c'est une règle que j'ai apprise quand je faisais du babysitting : les enfants sont prêts à parler d'un sujet quand ils te posent une question. S’ils ont envie de parler de quelque chose, en général, ils te le font comprendre, s'ils te le font pas comprendre, c'est qu'ils n’ont pas envie d'en parler. Donc là, je dirais qu’il n’y a pas de sujet en particulier.

Après, je fais beaucoup de blagues sur notre relation et sur cette situation-là, je fais les blagues inverses, tu vois. Je dis beaucoup "moi je compte sur vous pour l'EHPAD il n'y a pas de raison, les deux autres, les miens, je sais qu’ils ne feront rien pour moi donc c'est sur vous que ça repose", je le surjoue un peu dans l'autre sens.


L’humour est une bonne stratégie, est-ce que tu as d’autres conseils à refiler sous le manteau aux belles-mères qui nous lisent ? 

Je trouve qu'il y a plusieurs trucs importants. Le premier, que j’ai lu dans je ne sais plus quel bouquin, c’est qu'en fait tout ce que tu n’as pas réglé de ton enfance, avec tes parents ou autre, se cristallise quand tu deviens beau-parent. C’est assez vrai. Si tu as une faille narcissique, une faille d'affection, un truc qui n'est pas bien réglé, la belle-parentalité va te faire décapsuler. C'est une situation qui est très douloureuse, donc si t'es pas au clair avec toi-même, sur ta propre histoire et que t'arrives en famille recomposée, ça peut être très violent et source de souffrance. Donc je dirais que la première chose c'est de se dire "ok il faut que je fasse la part entre la situation que je suis en train de vivre et ce que ça me renvoie de mon histoire personnelle". 

L’autre chose, c’est qu’on me disait "oui mais ça s'arrange avec le temps", ça m'énervait un peu mais c’est vrai, tout s'arrange avec le temps, même si ce genre de réflexion ne m'aidait pas du tout à l'époque. Ça s'arrange aussi le jour où tu lâches en fait. Arrête d'essayer de coller à "il faut que ça se passe bien, il faut que ce soit super". Lâche et ça ira bien.

Une autre chose que je voulais mettre dans le roman, c'était l’absence d’amour de la belle-fille pour la belle-mère. Ok, c’est comme ça et ce n’est pas grave. On est obligées de cohabiter ensemble mais les beaux-enfants ne doivent pas d’amour aux beaux-parents. Ils ne sont pas obligés de nous aimer, même si en général ils finissent quand même par le faire (rires). Pour moi, plus tu forces, plus tu essayes d'aller obtenir cette affection aux forceps, plus ça crispe les choses. Il faut laisser les choses se faire naturellement.

“La famille, c'est comme la société, ce sont des gens qui n'ont pas forcément envie de vivre ensemble et qui se retrouvent à devoir cohabiter”


Tu participes à élargir le spectre des représentations de la famille recomposée, as-tu l’espoir que le mythe de la marâtre soit un jour oublié ?

Le grand sujet ces dernières années c’est “comment faire famille autrement ?” comment on réinvente la famille etc. Mais ce qui est fou c’est que les familles recomposées se posent ces questions depuis hyper longtemps, mais qu’on ne le voyait pas !

Avec ce livre, il y avait ce sujet de se dire qu’en fait, la famille, c'est comme la société, ce sont des gens qui n'ont pas forcément envie de vivre ensemble et qui se retrouvent à devoir cohabiter. Je voulais montrer comment on se débrouille là-dedans. Et c’est évidemment un sujet politique. C'est la question du vivre-ensemble, qui est quand même drôlement attaquée en ce moment.

Un grand merci à Titiou pour son temps et la richesse de notre échange et à vous très chères lectrices et lecteurs pour votre soutien si précieux !

On se retrouve à la rentrée 😘

Une question, un témoignage à me transmettre ? Écrivez-moi à belle.daronne@gmail.com !

Belle-doche

Belle-doche

Par Anaïs Richardin

J'ai 37 ans, je suis autrice et journaliste et depuis quelques années, j’ai mis un pied dans la fiction. Roman, scénario, podcast, newsletter... j'explore différents sujets et des formes diverses pour raconter des histoires, vraies et un peu moins vraies, avec cette envie nichée au creux d'ouvrir, chez les autres, des petites fenêtres restées closes.

Je vis avec un ado que je n’ai pas mis au monde et j’ai eu envie, en 2022, de tendre l'oreille et mon micro à toutes ces femmes qui vivent, elles aussi, avec les enfants des autres et auxquelles je donne la parole dans "Belle-doche".

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