“La seconde femme du père n’est peut-être plus appelée marâtre mais elle en prend toujours plein la figure”, c’est comme ça que commence ce que je pensais être un super épisode du podcast “Avec philosophie” consacrée à la marâtre. Hier, je l’ai donc écouté, avide et aux aguets. Mais dès la première archive, patatras, on découvre un extrait de l’émission “Je t’aime etc.” dans lequel une femme parle de la méchanceté de la mère de son mari. La présentatrice d’”Avec philosophie”, Géraldine Muhlmann, trouve cet extrait “jubilatoire” et s’en suivent quelques minutes de discussion sur la violence envers la belle-mère, qui est en fait un dérivatif de l’agressivité contre le mari. C’est intéressant mais j’avoue que j’en ai ma claque de cette confusion entre la belle-mère = mother-in-law et la belle-mère = stepmother. Déso de vous mettre de l’anglais mais même quand un terme existe (marâtre qui désigne exclusivement la Xème femme du père), on trouve encore le moyen de mélanger les choux et les carottes et de confondre belle-mère et belle-doche (qui est qui, à vous de choisir).
Ce qu’il faut retenir, en revanche, c’est que dans la culture et dans les contes plus particulièrement, la marâtre, la mauvaise belle-mère, est une cible à abattre créée pour protéger l’image de la bonne mère, pour que l’enfant puisse ressentir de la colère à l’égard d’une figure maternelle sans éprouver la culpabilité de ce genre de sentiments. L’étiquette qu’on se trimballe nous vient donc tout droit des Grimm and co. Merci les mecs. L’émission aurait juste pu me laisser un petit goût amer mais ma foi, rien de bien grave, mais j’en suis ressortie fulminante. Car pour clore l’épisode, ils ont fait le choix de la sidérante chanson d’Aznavour “Tu t’laisses aller” et d’une conclusion qui me laisse coite. Je vous mets quelques paroles, car ça vaut son pesant de cacahuètes :
Tu es belle à regarder
Tes bas tombant sur tes chaussures
Et ton vieux peignoir mal fermé
Et tes bigoudis quelle allure
Je me demande chaque jour
Comment as-tu fait pour me plaire ?
Comment ai-je pu te faire la cour
Et t'aliéner ma vie entière ?
Comme ça tu ressembles à ta mère
Qu'a rien pour inspirer l'amour
Devant mes amis quelle catastrophe
Tu m'contredis, tu m'apostrophes
Avec ton venin et ta hargne
Tu es une brute et un tyran
Tu n'as pas de cœur et pas d'âme
Pourtant je pense bien souvent
Que malgré tout tu es ma femme
Si tu voulais faire un effort
Tout pourrait reprendre sa place
Pour maigrir, fais un peu de sport
Arrange-toi devant ta glace
Accroche un sourire à ta face
Maquille ton cœur et ton corps
(Annie Cordy y a répondu avec une version féminine pas piquée des hannetons).
C’est une chanson d’un autre temps (1960) OK, elle me hérisse le poil mais ce qui me scotche davantage, c’est qu’on la choisisse pour conclure de la sorte : “Époustouflante chanson de Charles Aznavour”, nous dit ainsi Géraldine Muhlmann, “tu t’laisses aller”, la femme vieillissante qui n’est plus désirée, mais est ce vraiment comme il le dit ? La conséquence de son comportement de marâtre ? N’est ce pas la cause de son comportement de marâtre ?” Et voilà, comment on enfonce le clou de la marâtre à verrue en se disant que si elle est méchante, c’est peut-être parce qu’elle vieillit. On est sur un bon petit bingo là, non ? Alors, il y a mille raisons pour qu’on soit, parfois, désagréables, qu’on en ait ras-le-pompon et qu’on le montre, mais qu’on nous ramène encore et toujours à nos corps vieillissants, ça me fout en rogne (vous aviez peut-être remarqué, non ?).
Toute mesure gardée (je le dis mais je suis pas très bonne pour ça), c’est un épisode sur la figure de la sorcière marâtre donc à mille lieux de notre réalité mais j’aurais aimé une petite analyse de ce que les récits, ce genre de récit, ont comme impact sur les belles-mères, dans la vraie vie. Mais, comme ça m’arrive souvent face à un film ou à un podcast sur ce sujet, j’écoute ou je regarde en projetant ce que j’aimerais entendre ou voir et la déception m’attend souvent au tournant ! Alors peut-être qu’il serait temps, tout comme certaines femmes ont participé à la réappropriation du mot “sorcière”, que l’on procède nous aussi à un renversement du stigmate en brandissant nos bannières de marâtres. Je suis à deux doigts de vous proposer des badges “Marâtre et fière de l’être” mais je vais m’arrêter là. Je vous souhaite une bonne découverte du témoignage très touchant de Céleste, qui voudrait bien, mais qui peut point, partager davantage avec ses beaux-enfants.
Bonne lecture !
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Céleste a 30 ans, elle vit avec Maxime, 37 ans et ses 2 enfants de 8 et 7 ans, en Suisse. Alors qu’elle aimerait partager plus de choses avec les enfants et embrasser pleinement sa vie de belle-mère, quelques freins l’en empêchent.
*sur demande de la belle-doche, tous les prénoms ont été changé
Céleste, peux-tu nous présenter ta famille ?
Je m’appelle Céleste, j’ai 30 ans et je vis en Suisse. Je suis en couple depuis 2 ans avec Maxime, qui a 37 ans. Il a une fille de 8 ans et un garçon de 7 ans. Nous nous sommes rencontrés à l’école où nous travaillons et j’étais déjà en couple avec un autre enseignant. Il y a 2 ans, j’ai dû enseigner le français pour les francophones, ce à quoi je ne suis pas formée puisque j’enseigne le français langue étrangère. Maxime était le référent de français, il était au même étage que moi et c’était facile d’aller dans sa classe et de lui poser des questions lorsque j’en avais. Ça a commencé comme ça. Il m’a donné des textes à utiliser pour mes élèves puis des livres à lire et on a commencé à se créer des messages codés, en référence à nos lectures communes. Je savais qu’il avait des enfants et qu’il était séparé depuis deux ans, même s’il était très discret sur sa vie. Notre relation a basculé quand il m’a passé des livres et que j’ai essayé de partager ces lectures avec mon conjoint de l’époque qui n’était pas du tout intéressé par ça. Il trouvait que regarder la télévision c’était plus rigolo. J’ai commencé à parler de plus en plus à celui qui allait devenir mon compagnon et lui me disait que ce que j’interprétais des livres n’était pas du tout stupide, contrairement à ce que me disait mon conjoint de l’époque. Du point de vue des autres, mon couple était alors le couple idéal mais on ne sait jamais ce qui se passe à la maison, et ce n’était pas affreux mais je n’étais pas du tout mise en valeur. Or, quand quelqu’un te met en lumière, ça te donne envie d’y aller.
Tu as donc quitté ton amoureux pour le père de tes beaux-enfants ?
Oui, début mai 2022, j’ai quitté mon chéri un soir. J’ai écris tout de suite à Maxime pour lui dire et le lendemain on passait la soirée ensemble. On ne s’est plus quittés depuis. Comme je venais d’acheter une maison avec mon ex je suis rapidement partie vivre chez mes parents. Mais au bout d’un moment, comme c’était un peu pénible de ne vivre que chez mes parents, j’ai donc commencé à aller chez Maxime, qui vit à 50 kilomètres du travail, parfois juste pour passer un petit moment avec lui.
“Ça s'est bien passé mais je regardais ses enfants et je me disais “mais je suis en train de voler la place de quelqu’un, c’est leur mère qui devrait être là !”. Je ressentais plein de culpabilité”
Tu es enseignante, tu as l’habitude d’être entourée d’enfants, cela t’a-t-il aidée à te projeter dans le rôle que tu voudrais jouer auprès des enfants de Maxime ?
Je savais qu’il avait des enfants et ça ne m’a pas dérangée à ce moment. Pour moi c’était comme d’habitude, mais je ne m’étais jamais dit que je vivrais avec eux et qu’un jour il y aurait des défis et des problèmes. J’ai rapidement rencontré ses enfants. Il voulait les emmener à Disneyland mais je crois qu’il n’osait pas partir seul avec eux. Il tournait autour du pot pour me dire “tu ne veux pas partir avec nous ?”. On est finalement partis tous les 4 à Disney quelques semaines après le début de notre relation. Ça aurait dû être l’apothéose mais en fait ce n’était pas vraiment ça. Ça s'est bien passé mais je regardais ses enfants et je me disais “mais je suis en train de voler la place de quelqu’un, c’est leur mère qui devrait être là !”. Je ressentais plein de culpabilité. Je ne le montrais pas, j’arrivais bien à le cacher, j’allais pleurer aux toilettes de temps en temps. C’était la surcharge. On est rentrés de Disney et je n’ai pas osé lui en parler. Je suis la petite gamine qui n’a rien vécu du tout et je ne voyais pas comment lui dire ce que je ressentais.
Ton entourage t’a-t-il soutenue au début de cette relation ?
Au début, c’était tout beau parce qu’on était dans notre bulle. Je suis allée vivre chez mes parents sans leur dire que je m’étais séparée. A un moment, je me suis dit “mince il faut quand même que je l’annonce à ma famille”. Je l’ai fait et ça leur a fait peur, ils m’ont demandé ce que je faisais, me disaient que c’était de la folie mais sans trop de jugement ni de conseils. Finalement, quand ils ont rencontré Maxime, ça s’est très bien passé. Aujourd'hui, ils sont tout contents quand les enfants viennent, ma mère me demande régulièrement de venir les voir quand on a les petits.
En revanche, côté collègues, quand l’école a repris, ça a commencé à se savoir. Nos collègues ont eu l’impression de devoir prendre parti entre mon ex et moi et c’est devenu désagréable. Ils s'arrêtaient de parler quand j’arrivais dans la salle des maîtres et tout le monde avait besoin de mettre son grain de sel. Ça a été un dur retour à la réalité puissance 1000. Un jour, certains ont parlé de ça devant mon ex et il leur a dit de ne pas se mêler, que c’était ma vie, notre vie, et pas leurs affaires. Ça a aidé, mais des amis m’ont tourné le dos, car ils ne comprenaient pas.
“Ils étaient dans le conflit à tour de rôle, l’un ne me dit pas bonjour et l’autre va me répondre hyper sèchement”
Comment la relation avec les enfants s’est-elle construite ?
Après un été assez sympa avec les enfants, l’école a repris et les jours de garde ont recommencé à être réguliers. Nous avons les enfants du lundi au mercredi, ils passent le jeudi et le vendredi chez leur maman et un week-end sur 2 chez nous. Dès qu’ils sont rentrés de chez leur mère, j’ai découvert ce qu’est le conflit de loyauté. Ils étaient dans le conflit à tour de rôle, l’un ne me dit pas bonjour et l’autre va me répondre hyper sèchement. Il faut en général deux jours pour que ça passe. J’ai emménagé au fil de l’eau et un jour Maxime s’est dit qu’il allait quand même leur dire que j’habitais désormais là. Ils étaient super contents. Je parlais beaucoup avec les enfants et je leur ai demandé si ça leur faisait quelque chose, s’ils avaient envie de parler de quoi que ce soit, mais ils m’ont dit que non, qu’ils étaient super contents pour leur père.
Au début, j'étais souvent toute seule avec l’un ou avec l’autre par petits moments. Là, c’était vraiment cool, ils me testaient mais au fur et à mesure on s’est habitués à vivre ensemble et à passer des moments sans leur père, on avait une relation saine. Je décidais de faire des choses et ils étaient d’accord pour suivre, mais depuis un an je ne suis presque plus jamais toute seule avec eux. Quand je propose quelque chose, si le papa ne suit pas, ils ne suivront pas. Ils m’écoutent un peu mais je vois bien que quand il n’est pas là ou qu’ils croient qu’il n’entend pas, ils changent. J’aimerais passer un peu plus de temps toute seule avec eux mais j’ai un sentiment de culpabilité parce que c’est égoïste de ma part de vouloir ça alors que Maxime adore passer du temps avec eux. Donc je n’ose pas trop insister car il ne fait pas en sorte que ça se passe.
Est-ce qu’à l’inverse, tu les laisses seuls avec leur père ?
Oui, on a tous congés le mercredi après-midi donc j’essaie de rentrer le plus tard possible. Je rentre vers 16h pour leur laisser du temps avec lui alors que je quitte à midi le travail. Je me dis “bon ben je vais faire un tour”, j’essaie de leur laisser ce temps entre eux pour qu’ils se rendent compte que je ne leur vole pas leur papa. Je me force à aller au magasin ou au café alors que je n’ai qu’une envie c'est de rentrer et de les voir tous. Je ne sais pas si mon mec voit ce que je fais, je ne sais pas ce qu’il se dit. Je le fais surtout pour les enfants.
“Parfois, je me disais qu’il ne fallait pas que je leur montre que j'étais heureuse de les voir parce qu’ils n’avaient peut-être pas envie de me voir et qu’ils ne fallait donc pas que je leur impose mes émotions”
Tu fais vraiment ça pour les laisser seuls ou tu les fuis parfois ?
Alors non, c’est vraiment un effort de les laisser seuls ! Mais effectivement, il y a eu un moment où je fuyais (rires). C’était de novembre 2023 à janvier, je n’en pouvais plus, j’avais l’impression d’être de trop tout le temps, j’étais dans un cercle négatif et je ne répondais pas de manière aussi enjouée qu’avant. Je me disais “allez va faire un tour” et quand je revenais, c’était la fête entre eux. Je me disais qu’ils étaient plus heureux quand je n’étais pas là. Personne ne faisait en sorte que je me sente bien et accueillie, alors que moi je me démène pour que ça aille parfaitement. Dans tout ce ras-le-bol, une fois, mon mec m’a dit qu’il avait l'impression de devoir choisir entre moi et ses enfants. J’ai alors pensé que ça ne servait à rien de faire de mon mieux, que tout était mal perçu. J’ai quand même essayé de prendre sur moi et de montrer la meilleure facette de moi-même quand ses enfants arrivaient.Alors que je savais que j’allais me prendre une vague de transparence, devenir un fantôme pour deux jours.
collage papier : Anaïs Richardin
Ce qui est paradoxal, c’est que parfois, je me disais qu’il ne fallait pas que je leur montre que j'étais heureuse de les voir parce qu’ils n’avaient peut-être pas envie de me voir et qu’ils ne fallait donc pas que je leur impose mes émotions. Au début, j’avais mille idées de bricolages, de balades, d’envies, de chansons mais je ne voulais pas les braquer en donnant l’impression de vouloir remplacer leur maman. J’ai donc essayé d’être la plus neutre possible. Vendredi passé, ils revenaient de chez leur mère et j'avais prévu un planning pour tout le monde, j’étais hyper enjouée mais je suis tombée du dixième nuage. Ils n’étaient pas en forme et ils ont recommencé à m’ignorer, à mal me répondre. Ils sont petits et je ne leur en veux pas mais je voudrais que mon chéri s’en rende compte et qu’il me laisse un espace où je ne suis pas juste une adulte lambda et qui doit être la bonne poire de service. Qu'il leur explique qui je suis, pourquoi je suis là, qu’il leur dise qu’ils ont le droit d’avoir envie de passer du temps avec moi et d’apprécier ça.
Tu penses que leur conflit de loyauté peut être alimenté par leur mère ?
C’est elle qui m’a dit la chose qui m’a le plus rassurée. L’année dernière, j’ai beaucoup pris sur moi et je suis allée lui parler, je lui expliqué que je ne voulais pas lui voler quoi que ce soit, que je voulais que ça soit clair pour elle que je n’étais pas là pour embêter et pour voler leur père aux enfants. Elle m’a répondu “c’est dans l’ordre des choses que tu viennes habiter ici, tu incarnes la femme dans la maison et ils ont besoin de ça, surtout ils se sentent bien avec toi”. Je sais qu’elle regrette d’être partie alors me dire ça c’était important.
J’essaie de discuter un peu avec sa fille et un jour elle m’a sorti “je suis triste parce que tu vas bientôt partir, parce que c’est toujours la femme qui part”. J’ai pris du temps pour lui expliquer notre relation à son père et moi et que ce n’est pas la même chose qu’avec sa mère. Avec son fils, je parle un peu moins car j’ai peur qu’il déforme ce qu’on se dit et qu’il le répète à sa mère. Il n’y a rien qui indique qu’il le fait mais je n’ai pas envie que ça se passe.
“J’ai l’impression que moi, mes envies, mes peurs ne sont pas légitimes et que maintenant on attend de moi que j’abandonne cette idéalisation”
Avez-vous des projets pour votre famille composée ?
Non, c’est la bête noire de notre couple, j’ai très envie de me projeter et d’avoir des projets avec lui et ses enfants, mais lui pas du tout. J’avais idéalisé cette vie avec lui. Je trouve beau de me dire que je peux choisir que ses enfants soient les grand frère et grande soeur de mes enfants. Je choisis qu’ils fassent tous les 3 partie de ma vie. Mais mon mec ne sait pas ce qu’il veut. Son ex lui a donné tout ce dont il avait envie et maintenant il n’a besoin de rien d’autre. Il a peur que l’histoire se répète, que je parte et qu’il soit avec 3 enfants de 2 mères différentes. Cependant, moi aussi j’ai des peurs mais ça a l’air d’être moins important. J’ai l’impression que moi, mes envies, mes peurs ne sont pas légitimes et que maintenant on attend de moi que j’abandonne cette idéalisation. Donc on n’avance pas sur le sujet de notre avenir. Je n’ai jamais rêvé de la famille parfaite : la maison avec la barrière blanche, les enfants, le mariage, les barbecues du week-end. Mais avec lui c’est différent. Ça a été une erreur de me projeter et de ne pas m’être rendue compte que j’étais seule sur ce plan. Je veux qu’il soit le père de mes enfants. Je sais que ce sera génial, que tout se passera bien, que les enfants seront géniaux mais c’est un rêve qui ne va que dans un sens. Parfois je me dis que je vais faire une insémination avec un donneur et puis qu’on se verra quand on a envie de se voir.
Comment te sens-tu dans ta peau de belle-mère ?
Je me sens transparente, un peu comme un fantôme. On a envie de me parler, de me voir, je suis là, on n’a pas envie de me parler ni de me voir, je disparais, sauf que je suis toujours là. Je choisis d’être là, y’a rien qui ne me retient d’autre que l’amour. Faut vraiment être amoureuse pour rester car tu ne le fais pas pour l’argent, pas pour la reconnaissance, tu le fais par amour. Il ne met pas grand chose en place pour que les choses soient plus faciles alors qu’il me dit justement que j'ai un rôle pas facile !
Il n’y a pas tout qui est difficile, j’adore passer du temps avec eux, mais dès que je commence à me sentir vraiment bien, c’est comme si je montrais une faille et hop ça tourne. Par exemple, c’est arrivé à mon chéri de me faire des remarques négatives devant les enfants, et moi je ne pouvais rien répondre parce qu’ils étaient là. Sauf qu’il s’excuse en catimini dans le dos des enfants donc je passe pour celle qui a toujours tort et ça n’aide pas à trouver une place. Il ne le fait pas souvent mais quand même, et à l’inverse, je ne peux rien dire devant eux parce qu’il va se fâcher et bien sûr on ne peut pas toucher à leur papa. Je suis le bouc émissaire parfait.
“Si je veux faire quelque chose que moi je veux faire, je le fais seule. Je n’ai pas la légitimité d’imposer un loisir aux autres, de faire partager un truc que j’aime aux autres”
Te sens-tu épaulée dans ce rôle ?
Pour Maxime, c’est tellement logique que ça se passe bien, c’est dans l’ordre des choses. Mais moi je me pose mille questions “et si je fais ça il se passera quoi ? Et là, si je réponds ça, il pensera quoi ?”. J’ai une collègue plus âgée qui a des enfants, qui vit assez bien son rôle de belle-doche, et à qui je n’ose pas vraiment me confier mais qui m’aide un peu. J'ai aussi une copine maman mais la fois où je lui en ai parlé, alors que j’attendais un soutien, elle m’a dit “ben pars, reste pas avec lui”. J’ai deux trois amies qui m’écoutent et qui me disent “ah c’est dur, je ne sais pas comment tu fais”, mais ce n’est pas ce dont j’ai besoin ! Maintenant, je n’en parle plus et je pleure dans mon coin.
Ce qui m’aide ce sont les moments où je peux être une belle-doche comme je l’entends. Cet hiver, je suis allée skier seule avec son fils et ça a été une bulle d’air. Il s’est plaint, ce n’était pas facile mais on avait le grand sourire. Ce moment-là de ski toute seule avec lui, c’était génial. Souvent, je repense à ce moment en me disant c’est ingrat, mais là de le voir sourire avec moi, de prendre l’air, c’était vraiment génial. Je me sens entourée, appréciée, aimée mais si je veux faire quelque chose que moi je veux faire, je le fais seule. Je n’ai pas la légitimité d’imposer un loisir aux autres, de faire partager un truc que j’aime aux autres. Alors que c’est beau le partage, de montrer son univers à quelqu’un d’autre.
Si tu pouvais changer quoi que ce soit, que changerais-tu ?
Avoir plus de temps avec les enfants, des petites heures par-ci par-là et que je puisse décider d’une activité et que même si mon chéri ne veut pas venir, qu’ils viennent quand même avec moi. C’est ce que je changerais tout de suite maintenant.
Merci d’avoir lu ce témoignage jusqu’au bout 🙏🏼. Merci à Céleste et aux 35 belles-doches interviewées jusqu’ici pour leur temps et leur sincérité.
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