Belle-doche

Belle-doche, c'est le rendez-vous bi-mensuel qui permet de mieux comprendre la belle-maternité et qui donne la parole à ces femmes qui élèvent les enfants des autres

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Par Anaïs Richardin
23 mars · 11 mn à lire
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Nathalie "Je me demande comment réussir à équilibrer une relation qui, dès le départ, est déséquilibrée"

- être belle-mère de 3 enfants -

Bonjour à toutes et à tous !

J’ai pris l’habitude, dans ces éditos, de vous raconter ma vie pour mieux annoncer celle de mon invitée que l’on dessine en quelques paragraphes, car, parfois, la connexion est évidente. Parfois, elle l’est moins mais je trouve quand même des réflexions, des expériences communes. C’est ce qui me fascine avec cette newsletter, que les témoignages se suivent et ne se ressemblent pas mais que, pourtant, les vécus de chacune des femmes que j’interroge se rejoignent, s’éloignent, se retrouvent. Nous partageons le même lot de questionnements et nous avons toutes notre manière d’y répondre.

Aussi, quand Nathalie m’a dit qu’à un moment, elle s’est désabonnée de beaucoup de comptes Instagram de belles-mères “parce qu’elles partageaient beaucoup de négatif” et que ça lui “faisait voir des problèmes là où il n’y en avait pas”, je me suis demandé si Belle-doche pouvait parfois être une lecture écrasante. D’un côté comme de l’autre. Un témoignage trop heureux et bim la culpabilité de ne pas réussir à faire aussi bien, un témoignage trop sombre et boum le couperet de la remise question de sa propre expérience. Comme si les phrases prononcées par d’autres étaient les miroirs grossissants de notre propre réalité, mais que là où j’y vois des ponts certaines puissent n’y voir que le gouffre qu’il y a en-dessous.

J’ai eu l’impulsion de créer Belle-doche après avoir vu Les enfants des autres de Rebecca Zlotowski, je ne me retrouvais pas dans son portrait d’une belle-mère qui a tout d’une héroïne, qui va chercher sa belle-fille au judo, qui lui dit je t’aime au bout de deux secondes, qui veille sur elle mieux que ne le fait son propre père. Je ne m’y reconnaissais pas tout comme je ne me reconnaissais pas dans les représentations habituelles de la marâtre parasite. C’est qu’entre les deux, il y a un monde à explorer, à raconter. J’ai beau être convaincue de l’absolue nécessité de bon nombre de luttes et de prises de position radicales, je suis aussi une défenseuse (ouaip ouaip ça existe) toute aussi convaincue de l’art de la nuance (et oui les deux peuvent cohabiter). Plus d’emporte-pièce, de clichés, de gros traits.

C’est ma quête avec Belle-doche, de réalités multiples, de degrés variés d’épanouissement dans cette fonction belle-maternelle, en interrogeant des florissantes, des qui-rechigne, des mal dans leur rôle, des tendres illuminées qui adorent tout de la famille composée. Je ne sais pas si j’y parviens toujours mais j’espère, vivement, que les témoignages que vous lisez ici ne vous font pas vous sentir encore plus mal dans vos pompes et qu’ils vous aident à comprendre, à voir le verre plutôt à moitié plein qu’à moitié vide, qu’ils vous soulagent aussi parfois. Que Belle-doche vous aide à lâcher prise et à vous faire entendre serait un vrai cadeau.

Je suis persuadée de l’intérêt du collectif pour aller mieux, résoudre des problèmes, des conflits, pour avancer et je suis super fière de faire partie de cette communauté de belles-doches. Si vous avez des questions, des envies de témoigner ou autre, n’hésitez pas à m’écrire à belle.daronne@gmail.com.

Bonne lecture !


✨ Belle-doche les bons tuyaux ✨

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Nathalie a 38 ans, elle vit en Occitanie et a emménagé il y a un an et demi avec son compagnon, qui a 42 ans. Un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires, ils sont en famille avec les 3 enfants de ce dernier : deux garçons de bientôt 12 et 10 ans et une fillette de 8 ans.

Nathalie, peux-tu te présenter et nous parler de ta famille composée ? 

J’ai 38 ans, je suis prof de français et j’ai rencontré mon compagnon en octobre 2021 via une appli. Nous sommes allés doucement au départ, puis tout s’est ensuite fait assez vite quand nous nous sommes mis en couple. Deux mois après notre rencontre, on passait Noël ensemble, avec ses cousines et son frère.

J’ai su immédiatement qu’il avait des enfants parce qu’il l’avait mis sur son profil. Une amie est belle-mère depuis ses 25 ans et je suis prof, donc le fait qu’il ait des enfants ne m’inquiétait pas particulièrement. Mais je n’avais pas saisi toute la complexité du truc à l’époque ! Aujourd’hui, ce qui me marque le plus c’est le manque d’équité ou d'équilibre. Je donnerais toujours plus que lui, je m’adapterais toujours plus que lui, c’est moi qui suis venue vivre chez eux parce que la maison est à côté de son entreprise etc. Je me demande comment réussir à équilibrer une relation qui, dès le départ est déséquilibrée, puisque il a plus de variables que moi.

T’es-tu préparée à ce rôle ? 

J’ai le syndrome de la bonne élève donc j’ai lu beaucoup de livres avant de rencontrer les enfants fin avril 2022. Cette rencontre n’est arrivée ni trop vite, ni trop longtemps après nos débuts, c’était très bien. J’ai donc lu beaucoup de livres sur la famille recomposée mais j’ai surtout fait à ma sauce. J’ai aussi commencé à suivre beaucoup de belles-mères sur Instagram mais je me suis vite désabonnée de plein de comptes parce qu’elles partageaient beaucoup de négatif et ça me faisait voir des problèmes là où il n’y en avait pas. Ce n’est jamais idyllique une famille recomposée mais chez moi, globalement, ça se passe bien. Alors voir tous ces témoignages de moments négatifs, même si c’est un exutoire et que je le comprends, ça me perturbait plus qu’autre chose. J’ai donc tout stoppé.

Qu’as-tu appliqué de ce que tu as lu ? 

J’ai appliqué le principe de la première rencontre en terrain neutre. Enfin, à moitié parce que je suis venue manger chez eux et que je suis repartie au bout d’une heure. Mais ensuite on s’est vus sur un terrain neutre ! Je ne pense pas avoir appliqué grand-chose en fait, car je me suis adaptée. Chaque famille est unique, chaque enfant est unique, j’ai donc fait en fonction de mes ressentis. 

Ce n’était pas franc comme situation et j’avais envie que les choses avancent. J’ai été soulagée et contente de les rencontrer car c’était aussi une marque d’engagement de la part de mon compagnon

Je suis arrivée chez eux un soir d’avril, ils jouaient dans la cour, on s’est dit bonjour, j’ai joué un peu avec la petite, puis on a mangé, regardé un dessin animé, et la petite m’a invitée à l’anniversaire de leur grand-père. Ils savaient que j’étais l’amoureuse de papa, puisqu'il leur avait montré deux-trois photos de moi. Ça allait mais ce qui leur faisait peur, c’est le fait que je sois prof. Ils s’imaginaient que je devais être quelqu’un de
super sévère ou je ne sais pas. Ça les impressionnait certainement. Avec le recul, je ne me souviens pas tant que ça des émotions ressenties sur le moment. Jusqu’à la rencontre, j’ai eu l’impression d’être cachée, ce qui était un peu fatigant parce que quand il était avec eux, on ne s'appelait pas, on ne se voyait pas et ça n’était pas naturel. Ce n’était pas franc comme situation et j’avais envie que les choses avancent. J’ai été soulagée et contente de les rencontrer car c’était aussi une marque d’engagement de la part de mon compagnon. 

Deux semaines après, on est partis tous les cinq en week-end dans les Pyrénées. C’était parfait pour
apprendre à se connaître, ce n'était pas la vie quotidienne mais on passait du temps ensemble. On a fait un peu mais pas trop et c’est un très bon souvenir. Passer les premières nuits ensemble dans un endroit neutre c’était bien puisque je n’avais pas encore dormi chez eux en leur présence. Personne n’avait vraiment de repères donc, durant ce week-end, on était sur un pied d'égalité. 

Qu’ils s’imaginent que je serai encore là dans 20-30 ans, qu’ils se projettent avec moi, c’est ce qui compte, c’est ce qui est le plus important et ça m’aide beaucoup

Comment les enfants t’ont-ils accueillie ?

Leurs parents étaient séparés depuis deux ans quand je suis entrée dans la vie des enfants et s’ils n’avaient jamais rencontré de belle-mère, ils avaient déjà un beau-père de l’autre côté. La petite avait 6 ans à l’époque, et ça tout de suite été facile et fluide parce qu’elle a toujours été très câline et demandeuse d’attention. Celui du milieu, c'était plus un petit chat sauvage qui restait à distance mais, au fil du temps, on a commencé à rigoler et avec le grand, on s’entend bien mais il est aussi hyper possessif et jaloux. S’il pouvait avoir son père pour lui tout seul, il préférerait. Ce qui n’est pas toujours évident à gérer. Il a un téléphone depuis cet été et il ne veut pas que j’ai son numéro de téléphone. Je ne sais pas pourquoi et son père ne veut pas vraiment en discuter. Je ne veux pas le prendre de front et pour l’instant et je respecte sa décision mais je me demande bien pourquoi. Mais on rigole beaucoup ensemble et il m’a même dit “quand on aura des enfants, tu seras un peu leur grand-mère non ?” Qu’ils s’imaginent que je serai encore là dans 20-30 ans, qu’ils se projettent avec moi, c’est ce qui compte, c’est ce qui est le plus important et ça m’aide beaucoup.

Je suis prof, donc j’ai beaucoup de vacances scolaires, contrairement à mon compagnon qui est chef d’entreprise, donc pendant les vacances, c’est moi qui m’occupe des enfants au moins 2 ou 3 jours pendant notre semaine de garde. Je me suis installée chez eux en octobre 2022 parce que j’étais très souvent chez eux et que, très vite, je me suis occupée seule des enfants donc ça nous semblait naturel.

Comment s’est passé l’emménagement ? 

On n’a pas vraiment pris la décision d’emménager ensemble. Lui me disait “oui oui tu as raison tu peux amener plus d’affaires”, “oui oui c’est idiot de payer un loyer”. C’était mieux de faire toit commun et ça s'est plus imposé à nous qu’autre chose. Et puis comme il travaille beaucoup, il venait très peu chez moi. Ce qui a été difficile c’est d’emménager dans la maison qu’il a construite avec son ex-femme. C’est une très belle maison, mais qui n’est pas dans mes goûts personnels. Au départ, je ne me sentais pas trop chez moi, j’avais du mal à trouver ma place, on a donc changé pas mal de meubles, repeint les murs et petit à petit j’arrive à trouver ma place, mais ça a pris du temps avant que je m’y sente bien. A certains moments, c’est encore compliqué. Le grand avait un peu peur du changement et quand il arrivait, ça pouvait lui arriver de râler quand il voyait de nouvelles choses, de nouvelles décorations. En tout cas, quand ils sont là, je ne suis jamais là entièrement tout le week-end, je vais chez mes parents, je fais des activités, j’essaie de leur laisser une journée off, tous ensemble. Ça les aide pas mal aussi. 

A certains moments, si c’est une période où je me sens moins bien, je m’interroge. Je me questionne alors sur tout, je remets en question ma relation, mon rôle, je me demande si cette vie me convient vraiment, si elle ne m’enlève pas trop ma liberté

Au début de l’interview, tu disais ne pas avoir toute la complexité de la famille composée avant de la vivre, qu’as-tu découvert ? 

J’ai découvert que c’était pénible le matin de ne pas avoir de tranquillité ! C’est un truc lourd pour moi quand mon compagnon bosse. Ce ne sont pas les enfants qui sont chiants mais c’est chiant de ne pas être tranquille et seule. J’ai été célibataire longtemps et ce manque de tranquillité le matin est un des trucs les plus lourds pour moi avec le quotidien fait de courses, de lessives, de repas. J’en fais plus que mon compagnon, parce que je bosse moins. Les choses se sont faites de manière fluide et naturelle, mais à certains moments, si c’est une période où je me sens moins bien, je m’interroge. Je me questionne alors sur tout, ma relation, mon rôle, je me demande si cette vie me convient vraiment, si elle ne m’enlève pas trop ma liberté etc. Ça peut m’arriver selon les moments et les périodes de douter plus. Ça nous demande quand même une telle adaptabilité que c’est humain de se poser ces questions. Ce n’est pas comme un rôle de mère pour lequel tu as neuf mois pour te préparer, là ça s’impose à toi et tu ne mesures pas toutes les conséquences que ça a au début et ensuite quand tu as le nez dedans, c’est plus difficile de pouvoir stopper. 

collage papier : Anaïs Richardincollage papier : Anaïs Richardin

Y a-t-il certaines choses qui te pèsent plus que d’autres ? 

Avec l’ex, en vrai ça se passe bien, mais ce passé toujours présent, ça pèse. Tu as beau être en week-end en amoureux, il y a forcément un moment où les enfants, l’ex l’appellent et tu as toujours un peu cette vie d’avant qui se rappelle à toi. On n’a jamais de jour véritablement off de ce passé, de jour où il n’y a pas de présence autre, et il y a toujours un peu, je ne dirais pas une épée de Damoclès, mais si en fait un peu quand même. 

J’ai rencontré son ex-femme en même temps que j’ai rencontré les enfants, en coup de vent sur un parking, quand on a ramené les enfants après notre week-end dans les Pyrénées. C'était une période où la petite se sentait un peu rejetée chez sa mère puisque son compagnon de l’époque avait lui aussi deux enfants. Dans la voiture elle m’a dit “Maman ne veut pas être avec moi, je ne lui manque pas” et elle s’est cachée derrière moi quand on est arrivés, elle ne voulait pas aller voir sa mère. Ça fait une ambiance bizarre pour la première rencontre ! Surtout que je suis assez jalouse, assez “insécure” et pour moi c’était un gros poids de la rencontrer.

Ressens-tu une sorte de compétition à son égard ? 

Je crois qu’il y a un peu compétition oui. Elle est Argentine en plus donc il y a une différence entre elle et moi. Elle est très sociable, très volubile, très sympathique et moi je ne savais pas trop comment me positionner vis-à-vis d’elle. Dans un autre cadre, on pourrait être super copines mais là, c’est toujours un peu bizarre. Quelle place a-t-on en tant que belle-mère ? Je sais que c’est important pour les enfants qu’on ait de bons rapports mais il y a des trucs qui me saoulent trop. Je me rappelle d’une fois notamment, ça ne faisait pas très longtemps que je gardais les enfants seule, on était tous les quatre dans ma petite Twingo, ils ont voulu appeler leur mère, je n’allais pas leur dire non mais d’un coup sa voix a résonné dans ma voiture et je trouve que ça participe aussi du déséquilibre, mon mec lui ne se coltine pas mon ex tous les jours.

Je l’apprécie, je vis avec, je suis très contente qu’on ait de bonnes relations pour les enfants, c’est capital et essentiel qu’on s’entende bien, que les enfants voient que je lui parle mais en vrai j’aurais bien aimé ne jamais la connaître. Toute l’ambivalence est là, tu fais ça pour les enfants qui ne sont pas les tiens. L’image qui symbolise le mieux ma vie de belle-mère c’est de marcher sur un fil et de ne jamais savoir si tu vas tomber ni de quel côté tu vas tomber. Tu dois t’adapter, composer avec les un les autres, tu marches en équilibre sur un fil. 

C’est rigolo parce que le fait d’être en famille recomposée m’a permis de réaliser que j'avais moi-même vécu en famille recomposée

Et dans vos familles respectives, comment cela se passe-t-il ?

Mon mec est le chef d’une entreprise familiale dans laquelle ses parents bossent encore tous les jours. Tu vois le tableau, c’est une ambiance familiale très présente. Ils ont toujours été sympas et accueillants avec moi mais ma belle-mère, un jour, m’a parlé de la première ex de mon mec en me disant “Je ne comprends pas pourquoi ils se sont séparés, elle était géniale”. Putain déjà que je me coltine la mère des enfants mais alors là si tu me parles de la première ex, on ne va pas y arriver. Elle digère mal que ses deux fils aient divorcé mais c’est la vie. 

De mon côté, c’est rigolo parce que le fait d’être en famille recomposée m’a permis de réaliser que j'avais moi-même vécu en famille recomposée. Ma mère avait déjà un fils quand elle a épousé mon père et comme mon demi-frère appelait mon père papa, je n’ai jamais réalisé qu’on était une famille recomposée. Aujourd’hui, mes parents sont mon père et ma belle-mère, que je connais depuis mes 17 ans, (je ne parle plus à ma mère depuis une bonne quinzaine d’années). Il paraît qu’au début, je faisais la misère à ma belle-mère. Quand mes parents se sont séparés, ça a vraiment été l’enfer et avec mon père, on a vécu en vase clos pour se reconstruire. Quand j’ai vu débarquer ma belle-mère, j’ai dû me dire qu’elle allait me le piquer. Alors qu’il ne me l’a pas du tout imposée, et que la première année de leur relation, je l’ai très peu vue. Je sais que le fait de l’avoir peu vue tout en sachant quelle était la relation a contribué au fait qu'on a une super relation et que je la considère aujourd’hui comme ma mère. D’ailleurs elle m’a adoptée. On est très proches et elle est très cash, elle va toujours écouter mes histoires tout en me remettant à ma place si nécessaire. 

Je pense qu’avoir une belle-mère m’a aidée dans mon propre rôle, dans le sens où je me suis souvenue que mon père ne me l’avait pas imposée et que j’avais trouvé ça chouette, donc je me débrouille pour ne pas toujours être là. C’est important pour eux. Ce qui a été cool aussi, ce sont les discussions que j'ai pu avoir avec mon père, parce qu’il a été beau père d’un petit garçon de quatre ans et que ça s’est mal terminé avec mon demi-frère. Il a connu un échec et il a dû flipper un peu quand je suis devenue belle-mère. Mes parents me disent “Fais attention, ce ne sont pas tes enfants, tu t’en occupes beaucoup”. Je me suis rendu compte aussi que quand tu deviens belle-mère, tu imposes ça à ta famille, à tes amis, et ce n’est pas forcément toujours évident. Il faut du temps pour tout le monde, quand on t’as vu éternelle célibataire et que d’un coup tu débarques avec un mec, 3 enfants et un chien, ce n’est pas rien !

Ca fait quoi d’être belle-mère d’une famille nombreuse ?

Parfois je me dis qu’un enfant ce serait plus facile mais je crois qu’en fait trois enfants c’est plus facile au niveau relation car ils ont déjà l’habitude de partager leur père. Partager en trois ou en quatre ça ne change pas grand-chose pour eux. Mais je vois quand je n’en ai que deux que c’est aussi moins contraignant…. Ceci dit le nombre c’est chouette parce que ça crée de l’émulation et tu as une relation différente avec chacun et chacune.

Il a fait plein de choses avec son ex et on a plein de projets de voyage, d’aménagement du jardin etc. mais on n’a pas de projets ensemble, et ça me manque vraiment en termes d’engagement

Que retires-tu de ton expérience ? 

La richesse qu’on s’apporte, on se fait tous grandir les uns les autres, j’espère que je les ouvre au monde. Ils m’amènent aussi des choses de la culture argentine de leur mère, malgré eux. Je pense qu’on s’enrichit mutuellement. Ca m’apporte des réponses aussi. Je me posais la question d’avoir un enfant mais là, en vivant avec eux, c’est sûr que c’est non. Je ne me verrais pas du tout avoir un bébé et avoir quatre enfants franchement non merci, j’ai passé l’âge et c’est sans regret et on est tous les deux d’accord avec ça.

Pour le mariage, c’est plus problématique car il ne veut pas se marier alors que moi oui, et on en revient à ce problème d’équilibre que j’évoquais. Il a fait plein de choses avec son ex et on a plein de projets de voyage, d’aménagement du jardin etc. mais on n’a pas de projets ensemble, et ça me manque vraiment en termes d’engagement. Il est complètement réfractaire à ça et ça a été cause de bon nombre de disputes entre nous mais il ne comprend pas que c’est important pour moi. Je me dis “merde il pourrait faire l’effort quoi”. Il a un vrai traumatisme vis-à-vis de ça et je ne sais pas s’il arrivera à le surmonter. L’autre jour il m’a dit “on en reparle dans 10 ans” et je sais qu’il faut que je lui laisse le temps de revenir vers moi sur ce sujet et que j’en parle moins mais j’ai du mal à me dire qu’il faut que je lui laisse du temps. Ça va être ma mission (rires). 

Si tu avais tous les pouvoirs, aimerais-tu changer quoi que ce soit à ta vie ?

Quand je me laisse porter et que je vis au jour le jour, je me sens plutôt bien et je ne sais pas trop ce que je pourrais changer : arriver à trouver mon équilibre et ma place vis-à-vis de l’ex peut-être. C’est toujours un peu compliqué je crois. Vis-à-vis des enfants ça se passe bien, dans la vie quotidienne on a réussi à trouver un équilibre et un bon partage des tâches, donc je changerais juste le fait de me sentir vraiment en sécurité et engagée. Je le suis mais j’ai du mal à y croire et je sais c’est que à mon niveau qu’il faut que je travaille, c’est une histoire de confiance personnelle mais ça fait deux ans et demi qu’on est ensemble et ça prend du temps de gommer tous les traumas des relations passées. Je vois déjà mon évolution entre le tout début où on avait les enfants et maintenant, où je prends plus de recul. Quand tu es dans ce type de famille, je pense que ça prend du temps et il faut vraiment le temps à tout le monde de trouver son équilibre.

A ce propos, on a adopté une chienne et je crois vraiment qu’elle a, d’une certaine manière, rééquilibré les choses. Déjà parce qu’il faut s’en occuper et que mon mec s’en occupe beaucoup et puis aussi parce qu’elle fait du bien à tout le monde. Ca fait du bien aux enfants d’avoir un chien et moi c’est mon complément. Elle rend les choses plus égales parce que c’était mon choix d’avoir un chien, et c’est le quatrième enfant. C’est presque leur sœur. Elle a rééquilibré toute la famille et quand il y en a un qui se dispute avec les autres, hop il part se balader avec la chienne. 

As-tu un message à faire passer à ton amoureux ? 

“OK tu ne veux pas m’épouser, mais n’oublie jamais qu’on est un couple avant tout”. J’aimerais qu’on réussisse à trouver un équilibre entre le boulot, nos vies à 100 à l’heure, et qu’on ne s’oublie jamais en tant que couple. On peut être très vite absorbés par tous les autres rôles que l’on a. 

Merci d’avoir lu ce témoignage jusqu’au bout 🙏🏼


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