- Accueillir un bébé dans le chaos de la famille recomposée -
Coucou les marâtres !
Et coucou les pères ou les mères qui passent par là et les beaux-enfants qui sont en plein dedans ! C’est le dernier numéro de l’année et je suis émue de terminer ce deuxième cycle de newsletters par le témoignage bouleversant d’Awa. À 22 ans, elle est belle-maman d’une enfant de 5 ans et vient de donner naissance à une petite fille. Ce témoignage est plus long que ceux que je publie habituellement, on a pris le temps de discuter, de démêler et à la relecture, ça ne m’a pas semblé juste de tronquer une partie de ses propos pour tenir les 10 minutes max habituelles.
À ce propos, on m’a demandé la semaine dernière quel était mon processus pour cette newsletter, si je réécrivais ce qui m’était livré ou non. Alors je me dis que je peux bien ouvrir une case “coulisses” du calendrier de l’Avent que je n’ai pas fait (et que je ne ferai probablement jamais) pour vous en dire un peu plus sur Belle-Doche. Mon rôle est simple : je réarrange, je réorganise pour que la lecture soit fluide, je fais la chasse aux répétitions, aux tournures alambiquées mais je ne touche pas à ce qui m’est dit. Je reformule quand c’est vraiment nécessaire mais je conserve les propos exacts, le ton et le vocabulaire de la personne interviewée. Et je ne coupe rien sauf si ça a déjà été dit plus tôt dans la newsletter. C’est le cas pour cette édition.
On m’a aussi déjà demandé si je “cautionnais” tout ce que je publiais. J’estime que je n’ai pas à “cautionner” quoi que ce soit, et non, je ne suis pas toujours d’accord avec ce qui est dit, et encore heureux. Les femmes que j’interroge ne sont pas l’exact reflet de ce que je suis. Il y a systématiquement, avec chacune des belles-mères interviewées, des endroits de rencontre, des similitudes mais nos ressentis peuvent diverger parce qu’on n’a tout simplement pas la même histoire, ni le même vécu. Je n’ai en aucune manière le droit de juger le ressenti de la personne qui me livre son histoire, même si certaines phrases, parfois, me heurtent. Dans le cas présent, je n’ai qu’une envie, c’est prendre Awa dans mes bras et lui dire que tout ira bien, mais là aussi, qui suis-je pour me permettre ça ?
L’objectif de cette newsletter est de vous montrer toutes les nuances de la famille composée, des plus douces aux plus âpres. Parce qu’on le mérite, parce qu’on ne tend pas assez l’oreille pour nous écouter et que nos vies et que nos avis comptent. Parce qu’il n’y a pas une vérité, pas une réalité, mais que tout comme pour nos familles, il y a une mosaïque de possibles qu’il serait temps de reconnaître. Je ne censure ou n’encense aucune parole et seuls mes éditos sont le reflet de tout ce qui me traverse. Et je peux vous assurer aussi que ce qui me traversait il y a trois ans n’est plus tout à fait ce qui me traverse actuellement, parce que les choses bougent, que les relations évoluent, que certaines blessures se referment et qu’on grandit, peu importe notre âge.
Je vous assure en revanche, que tout ce qui est écrit ici est écrit avec le coeur et une grande honnêteté. J’essaie de ne rien mettre sous le tapis parce que ce n’est pas nécessaire, on le fait déjà assez dans nos vies ! Je commence ainsi chaque interview en demandant à la belle-doche de signer un contrat, celui de ne rien édulcorer. Parce qu’on peut avoir cette tendance naturelle à minimiser, à lisser ce que l’on raconte pour ne pas passer pour l’horrible marâtre. Je pense pouvoir affirmer qu’à chaque fois, le contrat est rempli. J’espère que celui que j’ai signé avec vous l’est aussi et que serez encore nombreuses (et nombreux) à me lire ici l’année prochaine.
À me lire ici et ailleurs puisque je prépare une nouvelle newsletter dont je publierai un chapitre par mois à compter de janvier. Le sujet ? Être ou ne pas être mère et comment se dépêtrer de la tyrannie du choix qui nous assomme à la trentaine (pardon, qui peut nous assommer, parce qu’on n’est pas toutes logées à la même enseigne).
Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année et je vous retrouve début janvier !
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Awa, 22 ans et partage les joies et les difficultés de la construction d'une famille recomposée, entre amour naissant, arrivée d'un bébé et relations complexes avec l'ex-compagne.
*les prénoms des enfants et de son conjoint ont été modifiés
Peux-tu te présenter et nous raconter comment tu es devenue belle-mère ?
Je m'appelle Awa, j'ai 22 ans, je suis assistante sociale. Mon conjoint Maxime a 39 ans, ma belle-fille a 5 ans et ma fille a tout juste 7 semaines. On s'est rencontrés sur Adopte un mec en mai 2023. Il m'a envoyé un message qui m'a tout de suite accrochée. Ensuite, chaque message était un pavé de 30 lignes... Au bout de 3 jours, j'ai lu son profil et j'ai vu la phrase "livré avec enfant". Sur le coup je me suis dit "bof on n'a qu'une vie, on verra plus tard".
Ce qui m'a tout de suite plu chez lui, c'est que c'est l'un des hommes que j'ai rencontrés qui communique le plus. Il est hyper doux et il n'y a jamais un mot plus haut que l'autre. Je n'ai pas peur de lui dire les choses parce que je sais qu'il ne va pas s'énerver et qu'il va essayer de comprendre. Je sortais d'une relation hyper toxique à la limite de la violence conjugale donc ce début de relation m'a beaucoup apaisée.
Tu t'es installée rapidement avec eux ?
Au début, c'était compliqué car il habitait encore avec la mère de sa fille. Ils s'étaient séparés en octobre 2021, mais il avait acheté un appartement sur plan et en attendait la livraison. Je me suis dit qu'il y avait anguille sous roche, qu’il ne me disait pas toute la vérité ou qu’il y avait un truc qui clochait, parce que ce n’est pas possible de rester vivre ensemble alors qu’on est séparés depuis tout ce temps. Il m'a montré le certificat de dissolution du PACS pour me rassurer (rires). Pendant le premier mois de notre relation, il vivait donc encore avec son ex. Ça m'a mis un stop sans trop m'en mettre un, mais je n'étais pas encore hyper attachée.
Quand j’ai commencé à me rendre compte qu’il y avait vraiment quelque chose entre nous, là je me suis dit “ah quand même”. On se voyait et tous les soirs il rentrait dormir chez son ex. L'une de mes craintes c’était qu’ils se remettent ensemble. C’était la première fois que je parlais à un mec qui avait un enfant. Quand t’aimes quelqu’un au point de vouloir un enfant c’est qu’il y a quelque chose de spécial. Je me suis donc dit que s’ils vivaient encore ensemble, c’était parce qu'il ne savait pas trop ce qu’il voulait. Je me suis même dit qu’en déménageant, il se rendrait compte qu’il ne voulait pas de la séparation et qu’il y retournerait. Il a fini par avoir son appart en juillet 2023 et ce n’est pas arrivé !
Son appart faisait 39 mètres carrés. On dormait donc dans le salon et sa fille, Malia avait la chambre. Je me suis retrouvée à passer rapidement beaucoup de temps chez lui. Je l'ai aidé pour son déménagement puis j'ai passé trois semaines chez lui. J'ai fini par avoir ma place dans la salle de bain, ma place dans l'armoire. J'avais encore mon appartement, histoire de dire que... mais j'habitais avec eux. Officiellement, j'ai emménagé en juin 2024 mais j’ai clairement payé un loyer pour rien pendant tout ce temps.
Petit retour en arrière, avant l’emménagement. Comment s'est passée ta première rencontre avec sa fille ?
J'ai rencontré sa fille au bout de quelques semaines, avant qu’il ait son appart. Ça me faisait un peu flipper de la rencontrer mais lui me disait "t'es la première que je veux présenter à ma fille et j'ai besoin de ça pour savoir si ça va marcher entre nous". Je lui ai dit que s’il voulait que je rencontre ta fille, il fallait qu’il me mette sur le fait accompli parce que je n’avais pas envie de me tarauder et de stresser de la manière dont ça allait se passer. Je lui ai demandé de me prévenir la veille.
Et un vendredi soir, il m'a dit de le rejoindre dans un parc avant qu’on parte en week-end. Je sortais du boulot avec ma valise et je l'ai vue arriver avec sa petite poussette et son petit poupon. Il lui avait dit que j'étais sa collègue. Elle était hyper timide mais très avenante. On a pas mal joué, il avait un peu peur qu'elle réagisse mal au fait qu'il ait quelqu'un mais ça a été. Après, on n'a pas eu de contacts physiques devant elle.
Comment ta relation avec sa fille a-t-elle évoluée ?
Quand je l’ai rencontrée la première fois, on l’a déposée chez sa maman, on est partis en week-end et on n’a pas reparlé d’elle. J’avais encore du mal à réaliser je crois. Je me suis dit qu’on verrait. Puis la petite était en vacances avec sa mère et quand il l’a récupérée, il m’a demandé si je voulais venir passer une semaine à la maison avec eux deux.
Il faut savoir que le rythme de garde était un peu anarchique tant qu’ils vivaient encore ensemble. Quand il était en télétravail, il gardait la petite, et quand c’était elle en télétravail, c’était elle qui s’en occupait, ils avaient ensuite la garde un week end sur deux. Pendant les vacances scolaires, elle était à 100% à la maison. Et là, j’ai déchanté. J’ai passé beaucoup de temps avec sa fille et j’ai commencé à me rendre compte de la réalité.
Le quotidien était compliqué ?
Elle était toute petite et moi je ne savais pas ce que c’était que d’avoir une enfant en permanence à la maison. En plus, elle a tellement accroché avec moi qu'elle a rapidement voulu que ce soit uniquement moi qui m'occupe d'elle. Je me suis retrouvée à lui donner le bain, à lui faire à manger, pendant que son père était en télétravail. Je me suis beaucoup investie dès le début, en mode "il faut faire bonne figure". On faisait des activités ensemble, des bracelets de perles etc. Je me suis aussi particulièrement occupée de ses cheveux - elle est métisse avec les cheveux très bouclés. Je trouvais ça fou qu'il ne s’occupe pas de ses cheveux. En tant que femme noire, qui maîtrise ce genre de soins, je me suis dit que j'allais lui filer un coup de main. J'ai appris à son père à s'occuper des cheveux de sa fille, à utiliser les bons produits. Il n'en est pas à faire des nattes collées mais il sait démêler ses cheveux et l'endormir avec les cheveux attachés pour ne pas qu'ils cassent.
Je me suis aussi retrouvée à lui lire son histoire, à faire son biberon, à la coucher. Même quand j’avais envie d’être tranquille, c’était impossible, elle venait me parler constamment. Et mon mec, ça l’a bien arrangé. Je me souviens être sortie voir des copines et elle me réclamait. Qu’est-ce qu’il a fait ? Il s’est mis à m’envoyer des vocaux dans lesquels elle me réclamait. Je me suis mise avec mon mec mais je me suis aussi mise avec sa fille.
J’ai essayé de lui dire de façon diplomatique qu’il fallait couper la poire en deux parce que c’était lourd mais il m’a répondu que c’était “compliqué”. La conversation a un peu changé les choses mais sa réponse c’était surtout “oui mais elle te réclame”. Il dit rarement non à sa fille pour quoi que ce soit. Et ce qu’il a développé depuis comme stratégie pour ne pas avoir à dire non, c’est qu’ il s’arrange pour lui dire “demande à Awa directement”.
collage papier : Anaïs Richardin
Dans quel état d’esprit étais-tu alors ?
Ah ben j’étais dans le déni ! Je me suis dit que ce n’était qu’une semaine et que ça allait peut-être changer. À la fin de la semaine, je lui ai quand même dit que je préférais qu’on se voit sans sa fille ! La vie à deux se passait super bien et il était tout ce que je cherchais.
Quand il m’a proposé de partir 4 jours en vacances avec eux fin août, j’ai un peu hésité mais c’était un autre contexte et je me suis dit “pourquoi pas ?”. Sur un coup de tête, je me rajoute donc à leurs vacances. Et là, ça a été très très compliqué. J’ai eu l’impression d’être la personne de trop à ce moment-là. C’était la première fois qu’il avait été séparé de sa fille autant de temps et il ne me calculait pas. Pas tant que la petite n’était pas couchée en tout cas. Quand on allait au resto, il se mettait en face d’elle et ne lui parlait qu’à elle. Au bout du 2ème jour je me suis dit “merde tu peux meme pas t’enfuir, t’es au milieu de nulle part”. Je sais qu’il ressent de la culpabilité parce que sa fille vit vraiment mal leur séparation et cette dimension va souvent entrer en compte dans notre histoire.
Te considérais-tu déjà comme sa belle-mère ?
Ah non ! J’ai longtemps repoussé ce mot-là parce que je le trouvais horrible, ça me donnait des responsabilités et je pense aux méchantes marâtres. Non merci, je passe mon tour ! Lui le disait pour rigoler mais ça ne me faisait pas rire. Je me souviens qu’à notre retour elle a eu une phase où elle m’appelait maman Awa, ce qui m’a mise très mal à l’aise. Je lui ai expliqué que le mot maman c’était que pour maman et qu’on pouvait réfléchir à un petit surnom.
En parlant de maman, comment se sont passées les premières interactions avec la mère de Malia ?
Au début, elle voulait absolument me rencontrer. Elle a même insisté pour avoir mon numéro quand elle a compris qu’il avait quelqu’un. Il faut dire que sa fille était revenue à la maison avec les cheveux coiffés et qu’elle savait très bien que ce n’était pas son père qui l’avait coiffée comme ça. J’ai fini par céder et là, elle m’a appelée en vidéo direct. C'était une situation très particulière. Il y avait Malia à côté de nous, et à côté d’elle, il y avait son nouveau copain qu’elle essayait de cacher. Malia ne savait pas que sa mère avait un copain et demandait "maman t'es avec qui, t'es avec qui ?". La conversation était hyper louche. Elle était plutôt amicale mais au bout d'un moment, je me suis demandé pourquoi elle insistait autant pour me parler alors qu’elle ne m’a posé que 3 questions pour savoir de quelle origine j’étais ou autre.
Elle est devenue très envahissante et aujourd’hui quand elle n'arrive pas à parler à mon mec, elle passe par moi. Je me suis retrouvée à devoir gérer la logistique à sa place. Ça me soulait un peu mais j’ai pris sur moi beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Dans quel contexte es-tu arrivée ? Comment s’est passée leur relation ?
Ils se sont rencontrés et six mois après elle est tombée enceinte. Il avait déjà 33-34 ans, et il voulait un enfant, elle aussi. Ils ont donc décider d’en faire un, mais sans vraiment se connaître et ils ont succombé au "baby clash". Ils se sont très peu connus en tant que couple avant et à l'arrivée ça a explosé entre eux. Donc ils ne sont pas restés tant de temps que ça ensemble et ils étaient déjà séparés depuis longtemps quand on s’est rencontrés.
Tu es aussi tombée enceinte assez vite, comment as-tu pris cette nouvelle ?
Je suis tombée enceinte en février 2024. J'ai toujours eu des problèmes de contraception, la pilule me bousillait la santé. Je lui ai donc proposé d’arrêter et de passer aux préservatifs. Une nuit, j’ai rêvé que j’étais enceinte et le lendemain matin je me suis levée pour faire un test, qui s’est révélé positif. Je lui ai dis d'emblée "j'ai déjà vécu un IVG, il est hors de question que je repasse par ça. Je ne t'oblige pas à être là mais je le garde". J’étais désolée de le mettre devant le fait accompli mais il était impossible pour moi de revivre ça. Il a eu besoin de 2 jours de réflexion mais il m'a dit OK. Il était en mode "tu tombes enceinte encore trop tôt et j'ai peur de reproduire le même schéma". Il s'est senti délaissé par la mère de Malia à la naissance de leur fille et il a eu peur de revivre la même chose.
Le début de grossesse a été très compliqué, j'ai vomi jusqu'à 7 mois. Le début de relation était tout feu tout flamme mais le fait que je sois prise de nausées et de vomissements constants a fait que je dormais beaucoup, je n'étais pas forcément encline à lui faire des bisous et des câlins. Ça nous a un peu éloignés.
Quand je l’ai appris, j’ai aussi regardé à quel moment j’allais accoucher et j’ai vu que le mois de naissance était celui de Malia. Je tenais à faire différemment de ce qui avait été fait la première fois, je voulais ma grossesse à moi, mon accouchement à moi. Alors à l'échographie, quand on m’a dit que c’était une fille, j'en ai pleuré pendant 2 jours. Je me suis dit que ce serait plus dur à gérer, la rivalité entre deux sœurs etc. Finalement, j’ai pris beaucoup de plaisir une fois que j’ai accusé le coup.
Pendant ma grossesse, ma phobie était d’accoucher à un moment donné où on avait Malia. On évite de demander des choses à sa mère donc je me voyais déjà accoucher toute seule. Finalement j’ai accouché pendant les vacances scolaires, deux jours avant qu’elle n’arrive chez nous.
Et l’annonce, ça a été ?
Tout de suite s’est évidemment posée la question de comment on annonce ça à tout le monde. On l’a dit à Malia au bout de 5 ou 6 mois, ça ne se voyait pas beaucoup. On a décidé de lui personnaliser un livre “Malia va être une grande soeur”. Quand on lui a dit, elle n'a pas eu de réaction. Elle a souri mais plus pour nous faire plaisir car elle se soucie plus des autres que d’elle. On avait choisi de ne pas lui dire si c’était une fille ou un garçon, parce que j’avais hyper peur que sa mère nous porte l'œil, moins elle en savait, moins sa mère en savait. Mais ça fait qu’elle n’a pas beaucoup participé à cette grossesse. On lui a montré les échographies mais c’est tout.
Pour ce qui est de sa mère, on lui a annoncé un jour en lui déposant sa fille. Elle nous a répondu “ah je le savais, c’était sûr”, mais juste ça, sans plus. Et mon mec a eu la merveilleuse idée de lui dire que “ce serait cool que tu donnes les clés de la cave pour récupérer les affaires de Malia”. C’était du grand n’importe quoi. Il a commencé à lui parler du porte-bébé qu’il voulait récupérer parce qu’il l’avait payé une blinde. Et moi je bouillonnais en mode “qui te dit que moi j’ai envie de récupérer les vêtements de ta fille quand elle était petite ?” J’avais envie qu’on fasse nos propres choix. Certes les vêtements peuvent coûter cher, mais je m'en fiche, je n’ai pas envie de recycler les fringues de sa première fille ! Surtout que ce sont des vêtements qu’ils ont choisi en tant que couple.
Bref, suite à l’annonce elle m’a envoyé un message pour me dire “félicitations”, et à mon mec elle lui a écrit “félicitations, j’espère que c’était voulu”. Par la suite, elle a menacé de retirer la garde, parce qu’elle avait peur que Maxime ne s'occupe plus de Malia à cause du bébé. La garde est à l'amiable et elle menace encore régulièrement mon compagnon de passer devant le juge.
Ah oui, bonne ambiance ! Ta grossesse s’est bien passée quand même ?
Pendant toute ma grossesse, ça a été le branle-bas de combat parce que j’ai dû faire comprendre à mon mec que je ne voulais pas faire tout ce qu’il avait fait avec elle. Il a voulu acheter la même baignoire, utiliser la même marque de produits d’hygiène… Ma plus grosse peur c’est que ma fille vive dans l’ombre de sa grande sœur tout le temps. Cette enfant n’était pas née qu’elle vivait déjà comme elle.
C’est un peu un truc que mon mec a du mal à comprendre. Et surtout, ce n’est pas parce que ça a fonctionné une première fois que c’est ce qu’il faut à notre enfant. J’ai fini par me faire une raison, il est déjà passé par là mais pas avec moi.
Ce qui me peinait aussi, c’est que je voyais toutes les nanas faire la chambre de leur enfant et moi je n’avais pas de chambre à faire parce que dans 39 mètres carrés, on n’avait qu’une chambre et elle était pour Malia. Il a eu l’idée d’aller acheter une table à langer qu’il a mise dans la chambre de sa fille et ça nous a beaucoup aidé toutes les deux. Pendant ma grossesse, elle m’a fait savoir que c’était très compliqué pour elle de savoir que j'allais être la maman d’un autre enfant car elle avait peur que je ne m’occupe plus d’elle. Le problème c’était moi plus que son père. Avoir les affaires du bébé dans sa chambre lui a permis de se dire qu’elle aussi pourrait s’en occuper. Mon mec l’a emmenée acheter un pyjama et un doudou pour bébé pour qu’elle se sente investie aussi.
Comment cela se passe-t-il depuis l'arrivée de votre fille, Elena ?
Le retour à la maison a été la pire semaine de notre vie. Maxime a eu l'idée d'emmener Malia découvrir le bébé à la maternité, sans la prévenir. Encore une fois, elle a fait bonne figure mais elle était un peu dégoutée de l’apprendre comme ça. Avec la descente d'hormones, j'ai eu des problèmes d'allaitement, et tous les soirs Malia racontait tout à sa mère : "Awa elle pleure quand elle donne le sein au bébé". Je n’avais aucune envie qu’elle sache tout ce qui se passait dans ma vie ! J'ai même dû lui demander de sortir pendant la visite de la sage-femme parce que j'avais peur qu'elle raconte l'intégralité du rendez-vous à sa mère.
Et puis, je me suis fait une idée du père qu’il allait être, calquée sur le père qu’il était avec Malia. Il m’a raconté beaucoup de choses sur ce qu’il a fait avec elle et ça m’a donné une impression de ce qu’il ferait pour notre enfant. J'ai l'impression qu'on m'a fait la pub de quelque chose mais ce qu’on m'a vendu, c’est une arnaque. Le père hyper prévenant, hyper là, alors qu’au final ce n'est pas ça du tout ça.
Depuis le début de notre relation, il me paraît être un père hyper investi, mais il s’investit vraiment à sa façon. Par exemple, il se foutait complètement du choix de la maternité, l’essentiel était qu’elle soit à moins de 20 minutes en voiture de chez nous.
Il a toujours été là pour les échographies mais pas pour les rendez- vous de suivi mensuels. J’ai fait 50% des choses seules pendant ma grossesse et je l’ai eue mauvaise parce que son ancienne vie l’empêchait toujours de participer. C’était inenvisageable pour lui de repousser un truc qu’il devait faire avec Malia, ou de demander à sa mère de s’en occuper pour pouvoir assister à tel ou tel rendez-vous.
Ton mec ne gère pas vraiment ce nouveau quotidien ?
Il est peu investi avec Elena. Je l'allaite donc on est beaucoup toutes les deux et je gère toutes les nuits sans exception. Ce qui m'a fait mal, c'est qu'il m'a raconté qu'il gérait les nuits à deux avec son ex, qu’il se levait pour faire faire le rot pendant qu'elle allaitait. Sauf que là, il ne se lève pas et me dit "ben je ne vais pas me lever pour le rot".
Quand Malia est là, si Elena pleure, il lui dit "chut faut pas que tu pleures parce que ta sœur dort". Il privilégie le bien-être de Malia à celui d'Elena. Pendant le déménagement, nos parents sont venus aider, et il s’est barré tout le week-end avec Malia. Le samedi il y avait un spectacle et le dimanche il l’a accompagnée tout l’après-midi à un anniversaire, pendant que je gérais le déménagement avec ses parents, les miens, et notre bébé. Il ne se pose jamais la question de comment est-ce que je gère, de qui va s’occuper de notre fille. Il n’a pas l’air de se dire que sa fille a besoin d’avoir des moments avec son père.
Ma mère, qui était présente au déménagement, a gardé Elena et elle était choquée. Elle s’est occupée d’elle dans le deuxième appartement, là où il était et il ne l’a pas calculée pendant que moi j’étais dans l’autre appartement. Il a pris 2 heures pour le bain et le coucher de la grande mais pas une minute pour notre fille. Il me dit souvent “ c’est bon, c’est un bébé” et dès qu’il la prend, il me la rend au bout de 10 minutes en mode “elle a faim” sauf qu’elle n’a pas du tout faim. Ce n’est pas parce qu’elle pleure qu’elle a faim. Peut-être qu’il ne se sent pas à l’aise avec les nouveaux-nés. J’essaie de comprendre pourquoi. Maxime n'a pas eu de papa, il n'a pas été reconnu par son père et la seule figure paternelle c'est son beau-père. Sa sœur c'est sa demi-sœur, il a été dans la situation de Malia et il a peut-être peur qu'elle vive la même chose.
J’ai culpabilisé que ma fille arrive dans tout ce chaos, je culpabilise de lui faire vivre ce truc de famille composée. Peut-être qu’il s'occuperait d’elle si la grande était la mienne. Quand je lui en parle, il me rétorque que notre fille a la chance de l’avoir tout le temps à la maison. Sauf que quand Malia n’est pas là, il fait tout ce qu'il ne peut pas faire en sa présence. Et quand elle est là, il me demande aussi de m’en occuper. Quand je sors par exemple, il me dit “mais tu peux pas sortir avec Malia” ? Ben non…
Il me parle du troisième alors que je n’ai plus jamais envie de vivre cette expérience de ma vie. Je suis catégorique, je ne veux pas d’autre enfant. J'ai été un peu secouée et un peu traumatisée de ma grossesse et du contexte de l’arrivée d’Elena.
Quel rôle jouent les grands-parents dans cette famille recomposée ?
Les parents de Maxime sont super cool, ils sont hyper sympas, ils me demandent toujours avant de faire les choses, ils ne font rien sans m'en parler. J'ai appris plus tard qu'ils ne s'entendaient pas du tout avec la mère de Malia. La présence de son ex faisait que les parents de Maxime ne venaient pas le voir, par exemple.
En ce qui concerne ma famille, ma sœur et ma mère ont totalement adopté Malia. Pour mon père, c'est plus compliqué. Ma grande sœur a eu un enfant il y a un an et souvent je le gardais, Malia a beaucoup vu ma grande sœur, ils lui offrent des cadeaux pour Noël et son anniversaire au même titre qu'ils pourraient le faire pour Elena. Malia appelle ma mère "mamie". Parfois je me dis que Maxime a du mal à réaliser la chance qu'il a parce que ça ne se passe pas comme ça pour tout le monde.
On parlait un peu plus tôt de son absence d’investissement, comment gérez-vous l'aspect financier ?
Pour Elena, c'est moi qui gère à 95%. Il lui a acheté son premier paquet de lingettes il y a une semaine. Pour le loyer, je me fais prélever et il me fait un virement permanent pour me rembourser la moitié. Pour Malia, on fait moitié-moitié pour tout, voire plus parce que Maxime a du mal à se rendre compte quand il y a des trous dans les baskets de sa fille par exemple. Donc je me retrouve à lui acheter avec mon argent. Je n'ai aucune obligation financière envers sa fille mais je contribue, alors que lui a une obligation envers la nôtre et ne contribue pas.
Il trouve toujours des excuses pour ne pas participer aux frais d'Elena : "tu as perçu la prime de naissance, tu as perçu la Paje, donc c'est à toi de payer". Il a acheté un siège auto pour Elena, la Ferrari du siège auto. Il n'y avait pas lieu de mettre autant d’argent là-dedans et maintenant il me demande de payer la moitié. Mais je ne l’ai pas choisi ! Son excuse pour ne pas participer aux frais de notre fille c'est qu'il doit payer la moitié de l’activité piscine de Malia ! Sa mère a inscrit leur fille à la piscine sans en parler à mon mec et elle lui a juste envoyé la facture en lui demandant de lui rembourser la moitié.
Te sens-tu quand même épaulée ?
Je me suis vite sentie très seule dans ce rôle de belle-mère et c'est là que j'ai commencé à traîner un peu sur Instagram à la recherche de personnes comme moi. Je suis tombée sur un article sur les familles recomposées, j'ai vu qu'il existait des groupes de parole. Se sentir comprise dès le départ, ça a tout changé.
Ce qui m'énerve c'est quand on me dit 't'as choisi le package'. Les femmes sont associées au prendre soin, t'es une femme donc t'as forcément l'instinct maternel, donc tu vas les aimer comme tes propres enfants. C'est ce que mon mec attendait de moi.
C'est très paradoxal, je suis proche de Malia mais je ne dirais pas que j'ai des sentiments d'amour pour elle. J'ai beaucoup plus de patience avec Elena qu'avec elle. Je ne m'en rendais pas compte jusque-là. Aucune relation ne peut être forcée.
Si tu pouvais changer quoi que ce soit, que changerais-tu ?
Le fonctionnement de mon mec en premier lieu. S'il pouvait s'occuper équitablement de ses deux filles, ce serait magique. Je changerais aussi les dysfonctionnements de son ex qui en vient quand même à dire à sa fille qu'elle en a marre d'elle et qu'elle est mieux sans elle. Je pense qu'il faut aller en thérapie à ce stade-là. Elle a des traumatismes émotionnels qu'elle répercute sur sa fille.
D'un point de vue familial c'est compliqué mais point de vue couple je n'ai rien à lui reprocher, ce sont les problèmes familiaux qui se répercutent sur notre couple. Avant il était à l'aise dans notre relation parce que le centre c'était lui, maintenant ce n'est plus lui et ça le dérange beaucoup.
n’hésitez surtout pas à lui envoyer beaucoup d’amour sur la publication Instagram ou par mail à belle.daronne@gmail.com et je lui transmettrai !