Emma "Je n’ai pas de désir d’enfant “à moi” donc, je me sens sereine dans mon rôle, je ne me sens pas “secondaire”"

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Belle-doche
10 min ⋅ 18/01/2023

Je me suis noté, au lancement de cette newsletter, d’écrire sur l’amour des belles-daronnes. La conversation que j’ai eue avec la belle-doche de la semaine a alimenté mon moulin. L’amour d’une belle-mère a de multiples visages et je n’entends pas du tout faire de généralités mais j’ai envie de définir ce que représente cet amour, pour moi. Je suis souvent circonspecte devant des belles-daronnes, qui ne connaissent leurs beaux-enfants que depuis 3 bols de Miel Pops et 1 câlin du soir, dire qu’elles aiment ces enfants comme les leurs. Qu’au vu de l’amour qu’elles portent à leur père ou à leur mère, elles ne peuvent qu’aimer leur descendance. Je dois avouer que je ne comprends pas l’effet de causalité. Comme le dit Emma dans ce témoignage, les enfants, au même titre que les adultes, sont des individus, aimables ou pas, chiants ou pas, intéressants ou pas. Je n’arrive pas à saisir qu’on puisse ressentir ce fameux amour inconditionnel que ressentent les parents pour leurs enfants pour des enfants qu’on n’a pas choisis, désirés, voire portés. Surtout quand, par essence, cette relation est conditionnée. Conditionnée par une autre relation : celle que l’on entretient avec la mère ou le père. Un parent restera toujours un parent, mais une belle-mère, elle devient quoi en cas de séparation ? Emma l’a vécu et nous le raconte.

J’aime un homme mais mon amour pour son fils est changeant, il grandit, petit à petit, année après année. Il n’a pas été évident ni immédiat. J’ai appris à le connaître, on s’est reniflés, on s’est apprivoisés, et on continue encore à le faire. Le bel-enfant et moi avons de longues conversations sur tout un tas de sujets passionnants, et je vois bien que mon point de vue sur les choses lui importe, qu’il m’écoute, et c’est réciproque. Je crois que ce sont ces échanges, et cette transmission qui existe entre nous qui est à la source de mon amour qui pousse, comme l’ado qu’il est. C’est de le voir changer d’opinion, mûrir, le voir se renseigner, découvrir qui il est qui alimente ce sentiment de chance que je ressens, d’être là, à accompagner un enfant à devenir un adulte respectueux, libre et épanoui. Je ne l’aime peut-être pas comme une mère aime son fils -mais après tout je ne suis pas mère et je ne connais donc pas cet amour filial me direz-vous- mais je l’aime comme une parente qui a choisi d’être là et de l’aider à grandir dans les meilleures conditions possibles. L’amour pour ses beaux enfants est une vraie chance, mais pas une obligation. La seule obligation, comme nous le dit Emma, étant celle de se respecter les uns les autres. Puisqu’on est encore en janvier, je vous souhaite donc une année pleine de respect. Et si l’amour n’est pas là, surtout, ne culpabilisez pas. 

Emma* a 40 ans, elle est belle-mère pour la seconde fois, de 3 beaux-enfants de 16, 14 et 10 ans. Elle nous raconte sa manière d'investir ce rôle de belle-doche qu'elle adore et dessine des pistes pour réinventer la famille.

*le prénom a été modifié à la demande de la belle-daronne

Emma, peux-tu nous présenter ta famille recomposée ?

Emma : Aujourd’hui j’ai 3 beaux-enfants issus de 2 mères différentes, les filles ont 16 et 14 ans et le petit dernier a 10 ans. J’ai rencontré mon compagnon il y a 3 ans dans un contexte professionnel. Je suis tombée amoureuse très très vite et très très fort et je savais qu’il avait des enfants, ce qui pour moi n’était pas du tout problématique.

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Belle-doche

Par Anaïs Richardin

J'ai 37 ans, je suis autrice et journaliste et depuis quelques années, j’ai mis un pied dans la fiction. Roman, scénario, podcast, newsletter... j'explore différents sujets et des formes diverses pour raconter des histoires, vraies et un peu moins vraies, avec cette envie nichée au creux d'ouvrir, chez les autres, des petites fenêtres restées closes.

Je vis avec un ado que je n’ai pas mis au monde et j’ai eu envie, en 2022, de tendre l'oreille et mon micro à toutes ces femmes qui vivent, elles aussi, avec les enfants des autres et auxquelles je donne la parole dans "Belle-doche".

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