Belle-doche

Belle-doche, c'est le rendez-vous bi-mensuel qui permet de mieux comprendre la belle-maternité et qui donne la parole à ces femmes qui élèvent les enfants des autres

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Par Anaïs Richardin
2 déc. · 11 mn à lire
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Hors-série - Nicolas "La famille recomposée n’est pas une sous-famille"

- dans la tête d'un papa solo -

Belle-doche dans votre boîte mail deux semaines de suite ! Mais comment c’est possible ?

Parce que c’est une édition un peu spéciale que je vous envoie aujourd’hui. Premier numéro de nombreux hors-série à venir, j’ai décidé, cette semaine, de donner la parole à un papa, en couple avec une femme ”admirable” (c’est lui qui le dit et je trouve ça beau). Ils lisent tous les deux Belle-doche et débriefent ensuite et je trouve ça beau bis. Souvent, les belles-daronnes reprochent à leur mec ou à leur meuf de ne pas assez s’informer sur la famille recomposée ; de ne pas faire le travail nécessaire de recherche, que ce soit de ressources ou d’aide extérieure pour atteindre un niveau de santé mentale et de bons réflexes bénéfiques à tout le monde. Alors j’ai voulu me glisser dans la tête d’un papa qui se renseigne, qui agit pour que sa famille recomposée fonctionne, pour comprendre ce qui s’y passe. On se dit quoi quand on s’apprête à présenter ses enfants à une femme que l’on aime mais qui n’est pas leur mère ? On se dit quoi quand on se rend compte de l’inégalité qui règne quasi systématiquement au sein d’un couple dans lequel l’un des deux a un enfant et pas l’autre ? On se dit quoi quand son ex conserve un pouvoir de décision sur notre vie ?

Cette édition est un peu spéciale parce qu’elle marque également la première année de cette newsletter 🎂!

J’ai lancé “Belle-doche” il y a 1 an (déjà !) quand je me suis demandé ce qui me manquait en tant que belle-daronne qui galère parfois un peu. J’adore les podcasts de témoignage mais je trouve qu’on a malheureusement tendance à édulcorer son quotidien quand on est clairement identifiable et que c’est notre voix qui porte notre histoire. J’ai appris à être bien plus honnête au fur et à mesure des interviews mais mon premier passage dans Ma belle-mère bien aimée est un cas d’école (rien que ça) de l’enrobage rose bonbon d’une vérité pas toujours facile à expliquer, ni à dire. On a l’impression que tout se passe bien, que tout est merveilleux, que la famille recomposée est un bonheur incommensurable et je m’en suis voulue d’avoir été à ce point bénie oui-oui. Parce que je ne voulais blesser personne et que je me disais que si la mère de mon bel-enfant venait à l’écouter, ça la rassurerait. Je pensais aux autres avant de penser à moi-même. J’ai donc voulu offrir un espace où l'anonymat, et la pure franchise, sont possibles. Un espace où toutes les expériences ont droit de cité, de la plus merveilleuse à la plus merdique. Parce que c’est déjà assez dur d’être belle-mère et qu’il ne faudrait pas en plus culpabiliser de ne pas réussir à faire aussi bien que les autres. Alors voilà, Belle-doche a un an et je suis hyper fière du chemin parcouru, des témoignages recueillis à travers la France et de toutes ces expériences, singulières, de la belle-parentalité, partagées avec vous.

Merci à elles, merci au premier papa de “Belle-doche” que vous découvrirez dans ce hors-série et merci à vous de me suivre si assidûment. Merci aussi pour tous vos messages d’encouragement qui me vont droit au coeur et qui alimentent le moteur quand l’énergie vient à manquer. Enfin, un immense merci à mon soutien le plus précieux et à celui qui a fait de moi une belle-daronne : mon amoureux. Les César de la newsletter n‘existent pas et je trouve ça bien dommage, si vous voulez mon avis… parce que je suis bien rodée question remerciements !

Merci, merci, merci et longue vie aux belles-doches de tous bords !

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Nicolas* a 38 ans et vit à Paris. Il est en couple avec Mathilde*, 31 ans, et a deux filles de 3 et 6 ans nées d’une précédente relation. Il nous dit tout ce qui se trame dans la tête d’un papa solo et nous raconte ce qui le turlupine dans son quotidien, entre une ex qu’il ne veut pas faire souffrir et une amoureuse sur laquelle il voudrait faire peser moins de contraintes.

*Les prénoms ont été changés à la demande de Nicolas et de sa compagne

Nicolas, peux-tu nous présenter ta famille recomposée ? 

J’ai 38 ans, j’ai deux filles de 3 et presque 6 ans, nées de mon précédent couple. Je suis resté 13 ans avec leur mère et on s’est séparés il y a un an et demi. Je suis en couple avec Mathilde qui a 31 ans. Je la connaissais avant qu’on se mette ensemble puisqu’elle travaille avec moi dans l’entreprise que j’ai créée. On a cumulé pas mal de complications au départ ! Le fait que j’étais son boss, que j’aie des enfants… On vivait tous les deux une rupture et on a commencé à passer plus de temps ensemble. On était bien sûr au courant de nos situations respectives et on s’est assez vite demandé “est-ce qu’on ne fait pas une connerie ? Est-ce qu’il faut qu’on aille doucement, qu’on arrête ?” Admirablement pour elle, le fait d’avoir des enfants n’a pas engendré de réaction du type “ah non mais là c’est mort”. Ça a plutôt été le contexte de travail qui était compliqué puisque j’étais son manager. 

“Ce que je trouvais dur c’était la charge et le sacrifice que ça mettait sur ses épaules”

Vous avez donc décidé d’avancer piano piano ? 

Au tout début, on s’est dit qu’on ne se promettait rien et qu’on verrait où ça nous mènerait. On en a parlé par la suite et elle m’a dit qu’elle ne serait jamais allée chercher un mec qui avait des enfants si elle ne le connaissait pas avant. Puis on est tombés amoureux et on s’est d’abord demandé comment gérer notre histoire et notre boulot. Ensuite, c’est elle qui a fait le plus gros sacrifice et qui a décidé de se lancer dans cette histoire malgré les contraintes. Pour moi, le choix était plus facile. Ce qui est à son honneur, c’est que pour elle la question était plutôt de se préparer mentalement à comment notre relation allait fonctionner avec mes enfants plutôt que de se demander si vraiment il fallait qu’on se mette ensemble. Ce que je trouvais dur c’était la charge et le sacrifice que ça mettait sur ses épaules. Quand on s’est rencontrés, elle voulait partir vivre ailleurs, ou voyager, notamment en Nouvelle Zélande où elle voulait vivre quelques mois. Maintenant qu’elle est belle-mère, ça repousse le projet si elle veut qu’on parte ensemble, et puis il y a les contraintes des vacances, des week-ends etc. ça me fait peur et je trouve ça dur à vivre pour elle.

Comment s’est passée la rencontre avec tes filles, comment vous y êtes-vous préparés ?

De mémoire, c’était quatre mois après qu’on se soit mis ensemble. À partir du moment où on s’est dit qu’on avait vachement envie de vivre cette histoire tous les deux, ça impliquait qu’on avait envie de faire un bout de chemin ensemble, et donc de lui faire rencontrer les filles. Je n’avais aucun doute que ça allait bien se passer. Je ne savais pas comment les filles allaient réagir mais j’étais optimiste au vu de la manière dont s’était passée la séparation. Car quand on leur a annoncé la rupture, la plus grande a eu quelques questions mais c’est tout et la plus petite ne comprenait pas tout mais pour elle, c’est vite devenu une nouvelle norme. Il n’y a pas eu de traumatisme visible, en tout cas pas pour l’instant. C’était plus en mode “OK papa et maman ne sont plus amoureux, papa a une nouvelle maison”.

Pour la première rencontre, on s’est posé la question du lieu. Je me disais que je pouvais aller au parc avec les filles, que Mathilde pourrait passer en mode “oh tiens c’est une collègue” mais en se renseignant, on s’est dit que ce n’était pas lui donner la bonne place, la bonne légitimité. Un mois avant la rencontre, j’ai commencé à leur dire “vous savez j’ai une amoureuse maintenant, elle s’appelle Mathilde”. Au début, la plus jeune ne comprenait pas tout et je sentais que la plus grande avait des questions mais ne les verbalisait pas et me disait “non non c’est bon” et n’en parlait plus ensuite. Ce qui a aidé, c’est qu’elles l’avaient déjà rencontrée une fois lorsque je les avais amenées au travail, avant ma séparation, et qu’elles se souvenaient de quelques personnes dont Mathilde. Elles n’ont pas posé de questions. Ce dont j’avais peur c’est qu’elles me demandent “pourquoi ce n’est pas maman, pourquoi vous n’êtes plus amoureux ?” La plus grande avait un peu de curiosité mais pas de craintes ni d’appréhensions. Puis juste avant, je leur ai dit “Ce week-end on va rencontrer Mathilde, elle va venir nous voir au parc”. On est arrivés au parc et ça s’est tout de suite bien passé, la plus jeune était vraiment jeune, elle venait d’avoir deux ans, et elle ne comprenait pas les enjeux. Mathilde a joué avec la plus grande, elles ont parlé, tout s’est vraiment super super bien passé. Tout a été simple et naturel et ça a été un soulagement dingue. 

L’avais-tu annoncé à ton ex ? 

Je savais qu’il fallait que je ne fasse pas ça dans son dos donc je lui ai annoncé, mais pas comme j’aurais dû. Pour avoir le contexte, on était ensemble depuis 13 ans quand on a commencé à se projeter dans un déménagement loin de Paris. J’ai commencé à avoir de grosses crises de panique. Je suis allé consulter, et j’ai pris conscience, avec une psy, que je n’étais pas amoureux et que le déménagement m’angoissait, je ne voulais pas être enfermé et passer mes journées avec elle. Je suis entré en phase dépressive, je ne bouffais plus, je ne faisais rien. Je pensais faire une crise de la quarantaine mais en tirant le fil, je me suis rendu compte que ça ne passait pas, et que notre cohabitation ne correspondait pas à l’idée que je me faisais de l’amour. Elle n’a rien vu venir. Il lui est arrivé de me trouver un peu stressé mais je mettais ça sur le compte du travail et je lui ai caché que j’allais voir une psy jusqu’à quatre fois par semaine. Le jour où je l’ai annoncé, je lui ai dit qu'on était de bons co-parents mais qu’on n'était pas amoureux. Elle a eu beaucoup de mal à accepter la séparation au début, mais ensuite elle a commencé à remonter la pente. Elle a été admirable dans sa manière de gérer notre rupture. Elle a même eu l'empathie de dire que ça n’avait pas dû être simple pour moi les derniers mois de notre histoire.
En juillet, on a acté qu’à la rentrée je trouverai un autre endroit où vivre, on en a parlé à notre famille en août, fin septembre-début octobre j’ai commencé à sortir avec Mathilde et en décembre, j’ai annoncé à mon ex avoir rencontré quelqu’un. Je lui ai tout de suite dit qui c’était puisqu’elle l’avait déjà rencontrée lors d’un apéro à la maison, et là elle m’a dit “ouf je suis tellement rassurée. C’est quelqu’un qui va rentrer dans la vie des filles et je suis contente que ce soit elle parce qu’elle m’a l’air vraiment bien”. Sauf qu’ensuite, elle a eu un contrecoup, c’était dur de me savoir avec quelqu’un. Puis elle a de nouveau remonté la pente en mode “OK, on avance”. On se partageait des lectures sur la manière de gérer la rupture et elle m’a demandé si ce n’était pas un peu risqué de leur faire rencontrer quelqu’un dont je n’étais pas sûr. C’était difficile de lui dire que vu la nature de notre relation, la proximité qu'on a eue très vite avec Mathilde, je savais que ce n’était pas un coup d'un soir et qu’on irait loin. Je n’avais pas envie de continuer une histoire dans le dos des filles et mon ex a donc dit “OK”, mais là où j'ai merdé c’est que je ne lui ai pas dit quand les filles la rencontreraient. Quand elles sont rentrées chez leur mère juste après la rencontre, la plus grande lui a dit qu’elle avait vu l’amoureuse de papa et mon ex m’en a voulu, car elle n’était pas prête. Je lui avais dit que ça se ferait mais à ce moment-là, je me disais que j’étais libre de décider de quand ça se passerait. En vrai j’ai merdé, je n’ai pas eu le courage de lui annoncer, plus ou moins inconsciemment.

ces quelques mots d'amour : Anaïs Richardinces quelques mots d'amour : Anaïs Richardin

“On est dans une relation qui n’est pas sur un pied d’égalité, dès le début”

Qu’est-ce qui est le plus dur pour toi dans la famille recomposée ? 

Ce que je trouve dur, sans faire la chasse à la pénibilité, ce sont les contraintes que j’impose à Mathilde. Notamment dans les moments où elle rêve d’aller à Marseille et qu’on est coincés ici. Mais j’ai commencé à évoquer de déménager avec mon ex pour voir si ça serait possible. Elle est ouverte à l’idée mais m’a répondu “Marseille, c’est mort, j’irai jamais”, j’ai donc dû dire à Mathilde qu’on ne pourrait pas aller vivre dans sa ville de rêve. Elle renonce à des vacances où elle veut, à sa ville de rêve, elle renonce à se faire des longues vacances avec moi en Nouvelle-Zélande ou ailleurs, ça fait beaucoup. Elle discutait récemment avec un pote qui venait de passer deux semaines au Portugal, il y avait acheté un van et se disait qu’il irait peut-être bien vivre là-bas. Mathilde m’a dit “ça me fait un peu rêver mais je ne peux pas”, elle ne le dit pas pour me culpabiliser mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que je lui impose ça, plus mon ex, plus les gamins. On est dans une relation qui n’est pas sur un pied d’égalité, dès le début. Je trouve ça dur comme déséquilibre. Pour le lieu de vie, je lui ai dit que si on arrivait à se mettre d’accord sur une ville avec mon ex, et qu’elles ont toutes les deux une ville qu’elles aiment, même si moi je ne l’aime pas, je m’en fous, on ira. J’essaie de compenser le déséquilibre à d’autres endroits mais je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre, c’est dur de trouver des trucs qui pèsent autant dans la balance qu’avoir des enfants !

Et je crois que c’est compliqué aussi d’accepter le pouvoir qu’a mon ex sur notre vie, je suis retourné vivre à Boulogne, après quelques mois en coloc dans Paris, parce que c’est là qu’elle vit. Je passe du temps à lui parler, et le fait est qu’elle est présente dans ma vie, même si Mathilde sait qu’il n’y a pas d'ambiguïté, cette présence-là est chiante. Il y a un côté où mon ex et moi décidons et Mathilde s’adapte et ça doit être pénible.

“Elle peut s’impliquer autant qu’elle le souhaite, et elle peut hausser le ton si c’est nécessaire mais je ne veux pas lui imposer cette charge-là”

Comment Mathilde réagit-elle face à tout ça ? Quel rôle joue-t-elle dans la vie de tes filles ?

L’un des trucs forts dans notre couple c’est la communication, on a très vite parlé de la manière dont on souhaiterait que ça se passe. C’est elle qui m’a envoyé ta newsletter. Elle prenait vachement à coeur ce qui allait être son nouveau quotidien. Sa psy, qui est aussi belle-mère, a contribué à la rassurer sur les bons côtés que ça pouvait avoir. Pour moi, si les filles font n’importe quoi, elle peut les engueuler mais je ne veux pas faire peser sur elle la charge de leur éducation. Il y a quelques grands principes comme ça sur lesquels on est alignés et il y a eu zéro couac depuis le début de leur relation. Elle peut s’impliquer autant qu’elle le souhaite, et elle peut hausser le ton si c’est nécessaire mais je ne veux pas lui imposer cette charge-là. Elle peut avoir un rôle plus cool, différent de celui de leur mère. J’ai peut-être une vision naïve des choses, mais les filles ont leur père, leur mère et Mathilde qui leur amène un truc différent. Elle choisit le rôle qu’elle veut avoir et souvent au quotidien, elle m’aide avec le bain ou autre alors que je n’ai rien demandé et elle me dit “attends ça me fait plaisir, je vais changer les filles”. Elle n’a pas à le faire mais c’est génial de la voir faire.

Elle a une vraie relation avec mes filles, qui demandent toujours si elle vient le week-end… avec la plus grande, elles ont une relation marrante sur les fringues. Maintenant je me bats un peu avec elle sur ce sujet, elle me dit “non papa, j’aime pas ta combi, elle a des poches, elle est moche”. Il suffit que Mathilde dise qu’elle est trop belle et ça y est, la combi est trop belle et elle la porte. C’est trop chou et il n’y a aucune confusion de maman/belle-maman. Même si c’est un vrai sujet la belle-maternité. On ne sait pas comment les filles doivent parler de Mathilde, c’est dommage qu’elle soit juste l’amoureuse de papa et elle trouve que “belle-mère ce n’est pas ouf”. La plus grande a commencé à l’appeler “Ma Mathilde” et on trouve ça trop mignon mais ça montre qu’elle ne savait pas trop comment la catégoriser. 

Ta compagne a-t-elle rencontré la maman des filles ? 

J’ai commencé à parler de déménagement à mon ex l’année dernière et elle était en mode “no way”. J’ai un peu insisté en lui disant qu'on était quand même tous les deux alignés sur le fait qu’on ne voulait pas que nos filles grandissent à Paris. Elle m’a répondu que c’était difficile pour elle d’être moteur sur ce sujet, parce que je prenais beaucoup d’initiative dans notre couple, notamment là-dessus et qu’elle a subi la rupture et qu’elle n’avait pas envie de subir un autre choix, qui est celui de bouger. Mais elle a réfléchi et m’a dit que tout le monde serait plus heureux si on déménageait et que ce serait bien qu’on se rencontre tous les trois pour en discuter. Mathilde n’avait alors aucune envie de voir mon ex, maintenant elle sait que c’est nécessaire pour qu’on avance. On est allés voir Annecy, pour se faire un week-end, découvrir la ville et mon ex a fait la même chose de son côté. La prochaine étape, c’est qu’on en parle tous les trois dès qu’elles seront prêtes. Quand on déconstruit, ce qui met mal à l’aise Mathilde c’est la manière dont pourrait la voir mon ex. Mais je sais que ça se passera bien, vu les personnes qu’elles sont, j’ai zéro doute et je suis déjà rassuré de la manière dont ça pourrait se passer par la suite. 

Avez-vous d’autres projets que le déménagement ? 

J’ai dit à Mathilde que si elle avait envie d’avoir un enfant un jour, ce serait OK pur moi. Rapidement après qu’on se soit rencontrés, elle m’a dit qu’elle savait qu’elle aurait envie d’avoir un enfant avec moi. Je ne peux pas la priver de ça, et si elle n’en veut pas, on n’en aura pas. C’est à elle de décider. Mais pour le coup, sur ce sujet, j’ai peur de la manière dont ça pourrait se passer avec mon ex. Quand on était encore ensemble, je lui ai dit qu’on n’aurait plus d’enfant. Pour moi, c’était fini, plié. Elle a une maladie liée au manque de sommeil, ce qui fait que j’ai fait 100% des nuits pour les deux filles et c’était hardcore. Je me souviens de nuits où je sortais en poussette à 2, 3 heures du mat. On allait parfois chez mes parents, on prenait des nounous de nuit mais mon quotidien c’était d’aller dormir à 7h, quand elle prenait le relais, de dormir jusqu’à 10h et d’aller bosser ensuite. Ça a vraiment été dur. Donc pour mon ex, le sujet était clos, c’était sûr que je n’en voudrais plus. Au tout début de ma relation, elle m’a d’ailleurs demandé “mais Mathilde veut un enfant ou pas ? Parce que si elle en veut un, toi tu n’en veux plus donc ça ne va pas durer”. Ce n’est pas sa place de me dire ce genre de choses mais c’est un sujet vraiment galère je pense. J’ai peur que même si elle est méga rationnelle, le choc de l’annonce la fasse redescendre et la freine dans son envie d’être conciliante. 

“Ça fait partie de ce monde rêvé où le fait de m’être séparé entraîne des conséquences bénéfiques pour mes filles. Elles sont entourées de nouvelles personnes avec qui elles peuvent vivre des bons moments”

Y a-t-il des bénéfices à la famille recomposée que tu n’aurais pas soupçonnés avant ?

 La plus grande a vraiment développé une super relation avec Mathilde et c’est génial mais un truc que je n’avais pas imaginé du tout c’est que les filles adorent aussi ses parents. C’est trop bien pour elles d’avoir presque une autre famille. Les parents de Mathilde ont une grande maison, cinq petits-enfants, ça fait des nouveaux cousins-cousines pour mes filles qui en ont par ailleurs mais qu’elles ne voient pas si souvent que ça. Ma dernière est farouche, pourtant, elle adore le père de Mathilde par exemple. Cette année je les ai pour Noël et on va le fêter avec eux. Avec mon ex belle-famille, on ne faisait pas ça et je trouve ça génial pour mes filles. Ça fait partie de ce monde rêvé où le fait de m’être séparé entraîne des conséquences bénéfiques pour mes filles. Elles sont entourées de nouvelles personnes avec qui elles peuvent vivre des bons moments. La fille de la sœur de Mathilde est devenue super copine avec ma plus grande aussi.. 

As-tu des conseils à donner aux parents solo ?

Alors là je ne sais pas. Je lis tes newsletters avec ce prisme de “est-ce que je suis pas en train de faire ça ? de faire les mêmes erreurs ? qu’est-ce que je ne réalise pas que je lui fais subir ?” Ou à l’inverse, de voir à quel point on a bien géré une situation. Donc en vrai je ne sais pas mais ce que j’ai fait et que je pourrais conseiller à tout le monde, c’est la thérapie. J’ai une grande croyance que tout le monde devrait le faire. Dans le cadre d’une séparation, c'est encore plus important. Et surtout trouver les bonnes ressources, les bons podcasts pour gérer la séparation, comment la présenter, quel rôle donner à l’autre. On s’est pas mal entraidés là-dessus et se poser ces questions-là ensemble, c’est important. Je reste en vigilance pour qu’on ne glisse pas vers Mathilde qui fait des choses et moi qui considère ça comme normal. Et là on déborde du cadre de la famille recomposée mais s’attendre à ce que ce soit aux femmes de porter la charge mentale de tout ce qui est thérapie, analyse etc. et que les mecs ne fassent rien ça ne me parait pas normal. Le fait d’avoir vécu une séparation m’a forcé à me poser les bonnes questions et à me reconstruire. 

Ce qui est vraiment important et ce que je trouve cool, ce sont ces moments où je semble entrevoir le meilleur futur pour mes filles, avec ceux qui pourraient devenir des nouveaux grands-parents. Mathilde m’avait organisé un week-end surprise pour mon anniversaire avec les filles et moi, c’était ouf. Le week-end était canon et c’est là que tu te dis que la famille recomposée n’est pas une sous-famille, et ce n’est pas une sous-vie de vivre ça. C’est une extension du stigma de la belle-parentalité qui voudrait que ce soit un purgatoire où, au mieux, ça ne se passe pas trop mal. Mais si on le gère bien, ça peut être un sacré plus. 

Merci d’avoir lu ce témoignage 🙏🏼


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